Le département d'Etat américain déclare n'avoir noté en 2011 ni avancée ni détérioration dans le respect et la protection de la liberté religieuse en Algérie. Dans un rapport sur la situation des libertés religieuses dans le monde rendu public lundi par Hillary Clinton, le département d'Etat américain soutient que des groupes non musulmans rencontrent encore des difficultés pour s'inscrire auprès des autorités et sont confrontés à des retards dans la procédure de délivrance de visas, et même à des refus catégoriques, pour leur personnel travaillant dans le pays. On apprend dans ce sens, que les fonctionnaires de l'ambassade des Etats-Unis en Algérie, y compris l'ambassadeur, ont rencontré des représentants de l'Exécutif pour discuter de leurs préoccupations concernant la liberté religieuse, en particulier les difficultés rencontrées par les groupes chrétiens pour inscrire leurs organisations auprès du gouvernement ou pour obtenir des visas pour l'Algérie. Le gouvernement algérien aurait, néanmoins, autorisé des groupes de missionnaires à entreprendre des actions humanitaires dans le pays, à la condition de ne pas les faire glisser vers le prosélytisme. Le rapport en question rappelle que “Le prosélytisme est une infraction pénale dont la peine peut aller d'un an à trois ans de prison, mais sa mise en œuvre a été irrégulière". Le département d'Etat américain fait remarquer que l'Algérie a maintenu l'ordonnance 06-03 réglementant la pratique religieuse des non-musulmans. Ce texte de loi prévoit des amendes contre les personnes qui œuvrent à convertir des musulmans à une autre religion. Il stipule que toutes les structures destinées à l'exercice de culte non musulman doivent être enregistrées auprès de l'Etat. Cette loi exige, en outre, que toute modification des structures pour les cultes non musulmans doit obtenir l'approbation préalable du gouvernement et que le culte ne peut avoir lieu que dans des structures exclusivement destinées et agréées à cet effet. Pour leur part, les Américains affirment être en possession de documents faisant état d'abus concernant les libertés religieuses, tout en reconnaissant n'avoir recensé aucun cas de prisonniers religieux dans le pays. Le rapport américain énumère quelques incidents survenus l'année dernière : Le 25 mai 2011, le tribunal d'Oran a condamné un converti au christianisme, Abdelkrim Siaghi, à 5 ans de prison pour prosélytisme pour avoir offert à un voisin un CD-ROM contenant le témoignage d'un musulman converti au christianisme. Il affirme que durant la même année, 22 églises ont continué à organiser des services en dépit de leur fermeture pour non reconnaissance. Autre fait rapporté : le 8 mai 2011, le wali de Béjaïa a ordonné la fermeture de sept églises protestantes sous prétexte qu'elles tenaient des services clandestinement dans des garages notamment. Cette information a été démentie par le chef de l'Eglise protestante en Algérie. Les injonctions du wali n'ont pas été appliquées et les églises n'ont jamais fermé. Parmi les points positifs, le département d'Etat rappelle qu'en plus de l'Eglise catholique romaine qui avait été, auparavant, la seule institution religieuse non musulmane officiellement reconnue dans le pays, le ministère algérien de l'Intérieur a reconnu officiellement l'Eglise protestante d'Algérie en 2011. Le rapport note, par ailleurs, que les églises anglicanes et celles des Adventistes du septième jour ainsi que d'autres églises protestantes ont introduit des demandes d'inscription et elles n'ont signalé “aucune ingérence du gouvernement dans la tenue de leurs services religieux". Les entités chrétiennes ont indiqué que “le gouvernement algérien leur a permis d'importer davantage d'ouvrages religieux que les années précédentes". Concernant le décret exécutif 07-135 relatif aux conditions de la tenue des services religieux non-musulmans tels la célébration des fêtes religieuses, le département d'Etat constate qu' “aucun de ces événements n'a été refusé au cours de l'année" par les autorités algériennes. Ce dernier apporte un autre bémol en soutenant que le décret exécutif 07-158, entré en vigueur en 2009, apporte une plus grande précision à l'ordonnance 06-03 en définissent la composition de la Commission nationale régissant les entités religieuses non-musulmanes, composée notamment de membres de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'Homme (CNCPPDH) auprès desquels peuvent recourir les individus ou les entités qui considèrent avoir été traités inéquitablement par le ministère des Affaires religieuses. N H