Les pays d'Afrique du Nord et du Proche Orient (Mena) seront potentiellement touchés par les effets du changement climatique sur leurs économies, indique le FEMISE qui vient de publier un rapport les coûts économiques du changement climatique. Les estimations disponibles indiquent une baisse attendue du PIB de l'ordre de 0,4% à 1,3%. Cette baisse pourrait même atteindre 14% si aucune mesure de lutte et d'adaptation face au changement climatique n'est adoptée. “En raison de leur position géographique, les pays Mena figurent parmi les régions du monde les plus vulnérables, bien que de façon différenciée selon les pays", relève le rapport. Ainsi, selon certaines études, la hausse des températures moyennes et la baisse des précipitations risquent d'être plus importantes que la moyenne mondiale. Les effets attendus dans ces pays couvrent la diminution des ressources en eau, la dégradation des sols, l'élévation du niveau de la mer et la pénétration des eaux salées dans les terres, etc. De tels impacts sont susceptibles d'affecter les activités économiques, avec des effets importants sur l'agriculture et le tourisme, suite à la baisse significative des rendements agricoles et à la hausse de la salinisation des terres due à l'érosion et à la pollution des sols par le sel. De plus, le changement climatique aura des effets négatifs sur les écosystèmes provoquant ainsi la diminution de la biodiversité qui affectera les espèces individuelles, les écosystèmes et les services associés dans les pays Mena. Le rapport estime que la hausse des températures et la baisse des précipitations attendues risquent d'augmenter la fréquence des sécheresses, ce qui va exposer de 80 à 100 millions de personnes en zones d'insuffisance en eau à l'horizon 2025. Au niveau sectoriel, le changement climatique aura des effets importants sur l'agriculture et la sécurité alimentaire des pays MENA, suite à la baisse significative des rendements. De plus, les dérèglements climatiques vont causer de sérieux problèmes liés à la gestion de l'eau et à la hausse du niveau de la mer. L'impact négatif sur l'agriculture est supposé avoir des conséquences sur l'exode rural, ce qui accélérera les processus d'urbanisation avec les problèmes associés comme le logement, l'emploi et les investissements en infrastructures. Enfin, le tourisme, qui représente entre 2 et 12% du PIB selon les pays, sera négativement impacté à partir de plusieurs canaux tels l'élévation de la température, les disponibilités en eau et les prix du transport international. Les résultats d'une analyse statistique pour 808 régions des pays Mena de 1900 à 2008, montrent que le changement climatique dans les pays Mena a déjà débuté, tant en termes de hausse de température que de baisse de précipitations. Les pays du Maghreb sont les plus concernés par le réchauffement climatique, qui a généralement débuté dans les années 70. La hausse des températures après ce changement structurel s'élève à 0,3/0,4°C. Ce réchauffement s'est accéléré depuis le début des années 2000 (0,9/1,2°C par rapport à la période précédent le changement structurel). La température moyenne en Algérie durant la période 2000 à 2008 est de 24°C, alors qu'elle était auparavant de 23,1°C, soit une hausse de 0,9°C. La baisse des précipitations est également très significative. En revanche, la baisse des précipitations est moins accentuée au Maghreb et en Turquie (de -8% à -17% sur la même période). La baisse des précipitations est évaluée à -17% pour l'Algérie. M. R.