Pour rappel, l'on a vu que la sourate comprend deux grandes parties qu'on peut approcher à travers treize appels; Il y a deux formes d'appels: deux lancés (le premier et le troisième dans l'ordre chronologique) à l'endroit général des gens et les onze restants spécifiques aux croyants. - La première partie est consacrée à la croyance (01-29) et à la prophétie (30-141), ayant un appel chacun. Elle s'arrête presque à la moitié de la sourate, c'est-à-dire au verset 241 pour un total, estimé selon les uns à 285, le verset 242 et 243 étant des versets intermédiaires. Selon d'autres, le nombre des versets s'élève à 286. - La deuxième grande partie, que nous présentons ici, est exclusivement réservée à la charia, c'est-à-dire les préceptes et les rites en Islam que doivent connaître les croyants et s'efforcer de les suivre. (244-286) Il n'est pas dans notre intention de traiter de la charia dans le détail et les exigences d'interprétation et d'écoles, mais de préciser les contours structurels et les formes qui déterminent le texte coranique permettant de mieux l'approcher et, de là, avoir une idée sur le contenu. Du reste nous rappelons notre appartenance au rite malékite, en pratique chez nous, connu pour ses traditions de justesse, de fidélité à la tradition, de mesure et de largesse. Cette partie comprend également, outre les onze appels, des techniques secondaires d'approche, spécifiques à la nature de chaque appel, permettant de le saisir dans le détail d'une part, et de situer d'autres thèmes sous-jacents avec une précision inouïe. À son tour, cette partie comprend une sous-structure permettant ainsi d'encadrer le texte, en dépit de sa longueur, à un paragraphe près. Lorsque le verset est long, comme le verset du Trône, qui renferme sept attributs de Dieu, ou le plus long verset dans le Coran (Verset 282), l'on lui trouve une structure propre à lui pour l'encadrer et le cerner. Sourate El-Baqara, contrairement aux sourates révélées à la Mecque, se distingue par des appels et des versets longs, ce qui demande une plus grande attention. Pour avoir une bonne visibilité et une bonne guidance dans le schéma structurel, l'on note que les onze appels sont ainsi répartis : - La prière et la patience (un appel, le troisième dans la sourate après les deux premiers consacrés à la croyance), (152-167) ; - La nourriture hallal (deux appels : les quatrième et cinquième, l'un adressé aux gens et le deuxième aux croyants), (168-177) ; - la loi du Talion (un : le sixième), (178-182) ; - le Jeûne (un : le septième), (183-188) ; - le Pèlerinage (un : le huitième), (189-242) ; - la charité et la zakat (trois : du neuf au onze), (243- 274) ; - l'usure (un : le douzième) (275) ; - les relations contractuelles (un : le treizième), (282-284). Enfin, la sourate se termine par une conclusion particulière de deux versets (285 et 286) qui résument, tenez-vous bien, toute la sourate : - le premier est réservé à la première partie portant sur la croyance et à la prophétie : (285) ; - le deuxième à la deuxième partie traitant de la charia (286). Le Prophète (P. et S. sur lui) a dit à propos de cette conclusion, que "celui qui lit dans la nuit les deux derniers versets de sourate El-Baqara, ça lui suffit", c'est-à-dire comme s'il a lu toute la sourate, si toutefois il en saisit le sens profond. En somme, cette conclusion traitant de la croyance et de la charia, résume bien sourate El-Baqara. L'appel Un (troisième dans la sourate): La prière et la patience : (un appel) Cet appel est structuré en deux parties : - Un préambule sur l'historique de la qibla (142-152). L'on note que la sourate, avant de présenter l'appel à la prière, consacre un long passage à la qibla vers la Mecque, alors qu'elle était auparavant dirigée vers El-Aqsa, le lieu des révélations et de la prophétie par excellence. Tous les prophètes issus de l'autre branche d'Ibrahim ont pris place ici. Mais avec son changement et son institution vers la Mecque prennent un symbole pour les musulmans qui, tout en étant attachés à la Mosquée d'El-Aqsa, se dotent d'une nouvelle personnalité et particularité en retrouvant les traces du Prophète Ismaël. Sa prescription à Médine fut accueillie en vérité comme une indépendance et un acte de souveraineté pour l'éternité. Aujourd'hui tous les musulmans se tournent dans leur prière vers la Mecque pour invoquer Dieu. - L'appel lui-même sur la prière et la patience. Il renferme plusieurs affirmations notables, commençant par l'expression "certes" ou "en vérité," comme repères ou techniques secondaires d'approche et d'encadrement du texte : (153-167). Le Coran utilise, lorsque le texte est long, des techniques secondaires en fonction du thème traité pour mieux le cerner. On a vu à côté de l'Appel deux pour la Prophétie, l'emploi des rappels et des dires suivis de réponse pour situer le cheminement complet des trois récits. On verra, lorsqu'on abordera les appels sur le pèlerinage et la zakat, l'emploi d'autres techniques propres à ces deux thèmes. -"O croyants ! Cherchez du secours dans la patience et la prière ! En vérité, Dieu est avec ceux qui persévèrent. (153...157). Ensuite viendront donc les affirmations sur des thèmes en rapport avec la prière et la patience au nombre de quatre, en plus d'un cas d'adoration à éviter, ce qui facilite mieux cet appel et développer la méditation. On a : - Première affirmation : la prière dans la maison de Dieu (Safa oua Marwa), (158). - Deuxième affirmation : le prêche de la parole de Dieu, (159-160). - Troisième affirmation l'avertissement aux mécréants, (161-163). - Quatrième affirmation : la méditation, (164). - Comparaison entre deux cas d'adoration : l'amour de Dieu et l'amour des divinités (165-167). Toutes ces affirmations contribuent à mieux éclairer le fidèle sur sa prière. En plus qu'elles permettent de guider la lecture consciente et réfléchie. L'appel Deux : La nourriture halal (un) Cet appel, adressé à l'ensemble des gens, ainsi que celui qui suit, adressé aux croyants, ont trait à un volet important de la vie : la source et la nature d'accumulation des biens et leur répartition équitable. L'Islam est ainsi foncièrement contre l'exploitation des gens et pour l'équité et la propreté. Il favorise les relations entre les peuples dans un cadre de paix et de cordialité car la nourriture hallal, au sens propre et figuré du terme, est le fondement de la vie et de la civilisation. Pour ce faire, elle a bénéficié de deux appels pour l'éterniser. "O vous les hommes ! De ce qui est sur terre, mangez ce qui est licite et bon. Ne suivez pas les traces de Satan ! Il est pour vous un ennemi déclaré ! (168-171). L'appel Trois : La nourriture halal (suite) (172-177) Il est également consacré à la nourriture, vu son importance, en étant toutefois adressé aux croyants pour qu'ils consomment "halal". "Ô vous qui ont cru ! mangez des mets agréables dont nous vous avons gratifiés et rendez grâce à Dieu si vous l'adorez vraiment. (172). Cet appel est plus long que le premier en étant suivi lui-aussi par des affirmations comme dans l'appel de la prière pour mettre en garde contre les consommations illicites, contre le troc de la parole de Dieu pour des objectifs mercantiles et contre les pratiques du mal et pour celles du bien, notamment. L'appel Quatre : La loi du talion et le testament C'est aussi le sixième dans la sourate. Il est facile à encadrer en ayant deux prescriptions : la loi du Talion en Islam et le testament. "Ô vous qui ont cru ! Il vous est prescrit [d'appliquer] la loi du talion en cas de meurtre : un homme libre pour un homme libre, un esclave pour un esclave, une femme pour une femme... Quiconque aura bénéficié d'une remise de cette peine de la part de son frère [en Dieu] au nom de la victime, sera toutefois soumis à une poursuite conforme à la coutume, en vue d'un dédommagement [comme prix du sang] dont le meurtrier devra s'acquitter avec empressement [au profit de l'ayant-droit]. C'est là un adoucissement et une miséricorde de la part de votre Seigneur... ". (178-182). C'est un verset à bien méditer par les juristes. L'on attribue souvent à tort que l'Islam institue la loi de la condamnation à mort avec force et détermination en s'arrêtant à cette image un peu inhumaine. Faux, car avant d'y arriver, l'appel favorise d'abord la remise de la peine en autorisant l'arrangement entre les parties en litige et conflits. Le Coran est le premier à apporter cette nuance de taille, qui constitue un facteur important dans le règlement de ce problème social et humain majeur. C'est une rahma du Seigneur ! Boudechiche Smaïl Prochain article ; l'Appel cinq et le Jeûne