Première partie: La croyance Cette sourate, révélée à Médine, est la plus longue dans le Coran. Sa lecture est particulièrement conseillée avec la sourate qui suit (La famille d'Imran) par le Hadith qui note que ces deux sourates intercèdent pour celui qui les lit le Jour de la Résurrection. Dans la vie, elle sert de guide et protège contre la magie. Les récitants peinent à l'apprendre. En vérité, elle a un plan de lecture basé sur les appels et les expressions qui leur sont corollaires comme le rappel, l'affirmation et les interrogations réponses de telle façon à la rendre accessible et agréable comme nous allons le voir. Pour rappel, la sourate comprend deux grandes parties qu'on peut approcher à travers treize appels. - La première partie est consacrée à la croyance avec seulement deux appels. Le premier s'adresse aux gens en général et traite de l'adoration de Dieu (01-29), et le deuxième aux croyants en particulier, de la prophétie (30-141). Elle s'arrête presque à la moitié de la sourate, c'est-à-dire au verset 141 pour un total, estimé selon les uns à 285 et d'autres à 286. Les exégètes relèvent avec pertinence que le verset 143 renferme le mot "milieu" en évoquant la nation ou communauté musulmane (Ouma) : " Aussi avons-nous fait de vous une communauté de juste milieu afin que vous soyez témoins à l'encontre des hommes et que le Prophète soit témoin à charge contre vous...". Cet éclairage nous permet de dégager le schéma directeur définissant non seulement les thèmes et sous-thèmes, mais aussi les repères qui aident à se situer intelligemment à deux trois versets près, y compris dans la langue de traduction et d'interprétation. La deuxième partie qui renferme onze appels traite de la charia qu'on abordera dans le prochain numéro si Dieu le veut. On a ainsi le schéma structurel suivant : I- L'appel à l'adoration de Dieu : (01-29) II- L'appel de la Prophétie : Adam, Moïse et son peuple et enfin Abraham et Ismaïl et la construction de la première Maison de Dieu sur terre (30-141). Il nous reste maintenant à dégager le détail nous permettant de mieux encadrer chacun des deux grands thèmes. C'est possible. Une fois trouvé, il suffira alors de suivre le schéma. La sourate n'est plus un long assemblage de versets, mais offre un système parfait de lecture, qu'on peut retenir facilement, que ce soit pour l'apprentissage, la compréhension, le rappel que la communication. I- Le premier appel : l'adoration Il renferme un appel adressé à tous les gens pour adorer Dieu qui les a créés et qui a mis la terre, le ciel et l'eau à leur disposition pour pouvoir subsister. Sur le plan contenu, Dieu définit les gens en trois catégories : pieux, mécréants et hypocrites, avant de leur lancer l'appel à l'adoration. Ce qui est logique. L'appel est suivi de deux défis : le miracle du Coran et la création de la moustique, en défiant les hommes d'en faire autant ou de créer de pareille créature. Structurellement, ce passage est ainsi composé : A- Les trois catégories de gens La sourate débute par trois lettres dont seul Dieu connaît le mystère : A (Alif), L (Lem) et M (Mim) pour appuyer le caractère divin du Coran. Puis vient la classification des hommes. On a : 1- Les pieux (01-05) : Ce sont ceux qui croient aux points suivants au nombre de six : l'abstrait, la prière, la zakat, la Révélation au Prophète, les Révélations d'avant aux autres prophètes et le Jour dernier. Ceux-là sont sur la guidée de Dieu et méritent le succès. "(Alîf, Lâm, Mîm) A. L. M (01) Tel est le Livre, sur lequel il n'y a point de doute. Il est une guidée pour ceux qui craignent [Dieu]. ..." (05) 2- Les mécréants (06-07) : Directement on a une mise en garde contre les mécréants, ceux qui voient les preuves, mais s'en détournent sans raison valable. Il n'y a pas de définition comme pour les pieux, pour la simple raison que celui qui n'admet pas un des points précédents, caractérisant les pieux, tombe dans la mécréance : "En vérité, les mécréants, que tu les avertisses ou non, ne croiront pas ! (06)... 3- Les hypocrites (08-20) : "Il est des hommes qui disent : "Nous croyons en Dieu et au Jour dernier", alors qu'ils ne sont pas croyants..." Là, le Coran s'attarde un peu plus, donnant leur définition (08-10). Ce sont des gens qui cachent leur mécréance en tentant de montrer les signes de la croyance pour tromper les croyants et les musulmans. Pour les débusquer, le Coran indique trois signes ou trois comportements pouvant les détecter (11-16), facile à repérer grâce à l'expression de circonstance "Lorsque", répétée trois fois). On a : "Lorsqu'on leur dit : "Ne répandez pas la corruption sur terre", ils rétorquent...) (11-12) Lorsqu'on leur dit : "Croyez comme les autres croient !", ils rétorquent... " (13-14) Lorsqu'ils rencontrent ceux qui ont cru, ils [leur] disent ..." (15-16). Il donne enfin deux cas de comportement comparables : ceux qui perdent brusquement l'éclairage en pleine nuit ou ceux qui marchent dans un sentier en pleine nuit sous un orage violent et des éclats de tonnerre terribles et éclairs (17-20). B- L'appel pour l'adoration et les deux défis : L'appel lui-même renferme : l'appel lui-même, deux défis (le Coran et la moustique) et une interpellation en guise de conclusion. On a : a- L'appel à l'adoration de Dieu qui nous a créés, ainsi que ceux qui étaient avant nous, qui a mis la terre et le ciel à notre disposition et fait descendre l'eau pour faire sortir les fruits de la terre qui servent de nourriture (21-22). On a : "Oh vous les gens ! Adorez votre Maître qui vous a créés, vous et ceux qui furent avant vous ! Ainsi vous le craindrez (21). b- La parabole du Coran (23-25) sur l'impossibilité d'imiter ne serait-ce qu'une sourate du Coran, avec un avertissement sévère pour ceux qui tentent de le faire et une bonne nouvelle pour les croyants : "Si vous doutez de ce que nous avons fait descendre sur notre serviteur, apportez donc une sourate qui soit semblable... " c- La parabole de la moustique (26-27) : "En vérité, Dieu n'éprouve aucune gêne à se servir allégoriquement d'un quelconque moustique ou de tout être au-dessus..." d- L'interpellation (28-29) L'appel termine par une interpellation convaincante, juste et profonde à cette première partie appelant à se mettre à l'évidence devant les preuves du Créateur : "Comment pouvez-vous renier Dieu ? Vous étiez dans le néant, il vous a donné la vie..." Prochain article : la suite et l'appel de la prophétie (30-141) (Etudes parues dans la Revue des études islamiques du HCI années 2011 et 2012)