Pour des raisons non encore élucidées, des centaines de poissons peuplant les eaux du barrage périssent. Craignant la catastrophe, une association et des journalistes locaux exigent une enquête. L'affaire de la mort des poissons au barrage de Beni Haroun continue de défrayer la chronique. Depuis plus d'un mois, les riverains ne parlent que de cette catastrophe qui se joue dans les eaux du plus grand lac du pays. Les poissons meurent par bancs entiers. Alertée par l'association Nour Beni Haroun et la presse locale, l'ANBT a envoyé des échantillons d'eau et de poissons morts au laboratoire de la Gendarmerie nationale pour analyse. Mais près d'un mois est passé sans que la catastrophe s'arrête. Des employés de la méga-station de pompage de Kikaya affirmaient, mardi dernier, que des centaines de poissons, si ce n'est davantage, flottaient, sans vie, à la surface, dans les parages de leur station de pompage. “De mon poste de travail, je peux voir des centaines de poissons morts flotter à la surface de l'eau. On voit les oiseaux aquatiques et les cigognes les manger. D'ailleurs ces oiseaux qui n'ont jamais été nombreux au niveau de notre station de pompage élisent désormais domicile sur les pylônes électriques et les bâtiments administratifs parce que la nourriture est abondante de ce côté du lac." En effet, la mort des poissons de Beni Haroun, une faune formée essentiellement de deux variétés de carpes, continue de susciter des interrogations chez les riverains qui assistent, impuissants, à la mort de cette richesse lacustre qui constitue, pour beaucoup, une source de revenus. “Soit l'eau est polluée, soit des braconniers utilisent des explosifs pour prendre le maximum de poissons en peu de temps", opine un amateur de la pêche à la ligne. En effet, on ne peut se promener aujourd'hui sur les berges de Beni Haroun sans découvrir, çà et là, des poissons morts. La situation est telle que les odeurs caractéristiques de poissons en décomposition se font sentir à des centaines de mètres. “Quand je passe sur la RN 27A ces derniers jours, je sens l'odeur putride de poissons en décomposition", affirme un taxieur. La situation est d'une extrême gravité, car si rien n'est fait sous peu, la faune de Beni Haroun risque de disparaître, cette faune qui fait travailler une huitaine de petites entreprises de pêche, sans parler de toute une population de pêcheurs informels. Rappelons que les deux espèces de poissons qui peuplent le lac de Beni Haroun sont la carpe argentée et la carpe à grande bouche. K B