La première récolte de pomme de terre de semence de plein champ en Algérie a eu lieu mardi dernier à la ferme Ben Abdelkrim de Si-El-Haouès, à Tiaret, qui est liée par une convention avec le laboratoire de semence de ce tubercule sis à Sebaine, dans la même wilaya. Une première, dans la mesure où cette pratique n'est jusque-là connue dans le pays que sous serre. “Cette première expérience nous a incités à emblaver près d'un hectare en plein champ, et le résultat est nettement concluant", nous dira Zaïr Mokhtar, directeur des fermes-pilotes pour la région Ouest, qui préconise 2 ha à semer la prochaine campagne. Ce dernier estime que cette opération est le maillon d'une pyramide de semences qui s'étale sur plusieurs phases, à savoir de la production de vitro plants et du mini-tubercule à la phase B (semence de consommation) en passant par la GO (pré-base), la G1, la G2 et la E (semence de base). Notre interlocuteur soulignera que l'itinéraire de ce programme, compris dans le schéma national de production de pomme de terre, est assuré par le laboratoire d'amélioration et de production des semences de pomme de terre (LAPSPT) de Sebaine, inauguré en 2009 et chapeauté par l'Institut national de la recherche agronomique d'Algérie (Inraa) et le partenaire coréen Koica, chargé de la formation des cadres et de l'assistance technique. L'objectif principal assigné à ce programme est de permettre l'approvisionnement du marché national en semences de qualité à des prix compétitifs et à plein temps. Il permettra aussi de réduire la facture d'importation de ce produit, notamment la pomme de terre de semence dont l'importation est estimée à 300 000 t/an, soit 65% des besoins nationaux. Sur un autre volet, il y a lieu de préciser que le choix du site qui porte le laboratoire a été dicté par ses sols indemnes des différents agents pathogènes spécifiques à la pomme de terre. Pour revenir à cette première expérience, il faut noter que Désirée et Spounta sont les variétés ensemencées. En plus de cette parcelle, deux autres, portant sur 63 ha et 87 ha, sont emblavées respectivement en pomme de terre de pré-base et celle destinée à la consommation. Par ailleurs, face à cette avancée, le manque de moyens de stockage, voire des chambres froides, et l'insuffisance des moyens d'irrigation sont à déplorer. Sur ce dernier vecteur, autant rappeler que le réseau d'irrigation prévu à partir du barrage Si-El-Haouès a pris un grand retard, sachant que seule une partie, devant couvrir 2 000 ha, est réalisée, alors que la seconde rive n'est toujours pas concrétisée. R. S