La capitale de Tin-Hinan, quelques instants après la rupture du jeûne, vit une ambiance hors norme et rompt la monotonie imposée par la chaleur suffocante d'un mois d'août. Une virée dans la ville de Tamanrasset pendant la journée, particulièrement dans les quartiers populeux qui ne désemplissent pas d'habitude et grouillent de monde, montre, en effet, l'inactivité et la nonchalance qui caractérisent le quotidien des Tamanrassetis en ce mois de Ramadhan, devenu synonyme de l'oisiveté et de farniente. Les principales artères de la ville, Sersouf, Sefsaf et Lahounit, sont presque vides et se désemplissent de personnes qui préfèrent se ruer vers le marché des fruits et légumes du centre-ville, en effervescence permanente pour scruter les étals et faire leurs emplettes avant que le mercure ne grimpe encore. Toutefois, quelques minutes seulement après l'iftar, la ville des Imouhagh retrouve son animation et sa frénésie. Ainsi, les habitants s'engagent avec entrain dans les venelles de la ville, qui pour faire les prières des Tarawih, qui pour profiter de l'ambiance nocturne et la douceur de la température en déambulant en famille. “La plupart des jeûneurs consacrent la journée de Ramadhan à dormir après des heures d'insomnie et le soleil de plomb qui renforce davantage la léthargie en ce mois de jeûne. Cependant et juste après avoir avalé l'alléchante hrira, localement appelée “Alioua", c'est tout le monde qui sort pour vivre l'ambiance au rythme trépidant et animé de la nuit", souligne Mahmoud, la trentaine. En effet, après le f'tour, les mosquées se remplissent de fidèles pour les prières des Tarawih, les cafés regorgent d'amateurs de dominos et les espaces de loisirs s'avèrent trop exigus pour contenir tout ce beau monde. Au grand bonheur des mélomanes, la placette de la nouvelle cité d'Adriane vibre chaque nuit au rythme de la musique des Touaregs. Les soirées musicales son animées par des troupes locales et des chanteurs de talent qui électrisent l'assistance et bercent le public de plus en plus nombreux en interprétant les plus belles chansons puisées du vaste répertoire des Imouhagh. L'oued Sersouf, où le climat est plus tempéré et clément en cette période estivale, connaît aussi une grande affluence de visiteurs en quête de distraction. Les parents qui y viennent en compagnie de leur progéniture pour déambuler et gambader s'offrent une atmosphère festive sans pareille. À raison d'ailleurs, l'ambiance dans cet espace de détente et de déchaînement se termine tard la nuit, aux environs de 3 heures du matin. Les visiteurs, en majorité des jeunes, sont attirés par la fraîcheur de cet endroit où ils passent de bons moments avec leurs proches et leurs amis loin du vacarme de la ville et des pétarades stridentes des motocyclettes. Avec le calme qui y règne, les travailleurs se procurent une sorte de cure et rechargent leurs accus pour avoir l'énergie d'entamer la journée du lendemain. “Cet oued est la destination privilégiée des Touaregs et un endroit de villégiature très prisé en ce mois de jeûne. Après les prières des Tarawih, les gens se rencontrent ici pour parler et faire part de leurs expériences. On passe du bon temps. Certaines familles “armées" de friandises et victuailles préfèrent passer la nuit à la belle étoile et se distraire en laissant leurs mômes se divertir et s'en donner à cœur joie" , nous dit un père, flanqué de sa marmaille. Pour ceux qui préfèrent rester chez eux, le Ramadhan est, par ailleurs, le mois des visites familiales. Les nuits sont également l'occasion de rencontrer la famille pour rompre la monotonie des journées de jeûne. À Tamanrasset, comme c'est le cas dans plusieurs wilayas du pays, ces visites sont particulièrement appréciées par les femmes qui portent de beaux habits traditionnels “Tissaghnes" et vêtues de leurs plus beaux atours et d'autres objets d'apparat. R K