À défaut de programmes de délassement et de distraction, les nuits du Ramadhan à Tamanrasset sont, le moins que l'on puisse dire, monotones. Après les prières de tarawih, la ville perd de son animation et la vie y impose son sinistre voile. Par malheur, les habitants en quête de pause récréative après l'épreuve du jour en subissent les conséquences, particulièrement les jeunes qui n'ont toujours pas de quoi étancher leur soif en termes d'activités culturelles ou encore de moyens pour faire preuve de leurs compétences et de leurs dons. Pour eux, seul le mini-stade sis au lieudit Elhofra maintient un semblant de vie. À l'initiative de quelques habitants armés de bonne volonté, un tournoi interquartiers du sport roi est organisé à l'occasion de ce mois sacré. “Le désœuvrement affecte la majorité des jeunes et ils n'ont aucun loisir en mesure de les aider à fuir ce fléau. Avec le peu de moyens que l'on a, chaque année on invite les responsables des quartiers à organiser un tournoi de football dont les matchs se joueront après les prières de tarawih. Croyez-moi, on découvre des jeunes talentueux et l'on se demande où ils s'entraînent pour avoir de telles compétences et un tel esprit de compétitivité. Mais au vu des moyens dérisoires donnés à la section sport de la wilaya, on se rend facilement compte qu'il s'agit d'une chance accordée par le truchement de l'omnipotence divine pour sortir du gouffre en espérant une prise en charge réelle et non des promesses mirobolantes”, déclarera un organisateur, ajoutant que, hormis les aides reçues de quelques associations caritatives, “les frais de la cérémonie de remise de cadeaux et les hommages rendus aux vénérés de la région souvent coopératifs avec nous, sont assurés par la cotisation des équipes”. Abondant dans ce sens, le président de la Ligue sportive de la wilaya expliquera que “le budget accordé aux associations sportives ne couvre même pas les frais de leurs déplacements, et ce, sans parler des frais de participation aux divers championnats”. Outre ce canal, certains quadragénaires n'ont trouvé de divertissant que de s'offrir de bonnes parties de pétanque. Délimitant une parcelle de terre avec une longue corde suivant les normes requises, ils se dilatent la rate et y jouent dans une ambiance bon enfant. Il est à signaler, par ailleurs, qu'à la Maison de la culture, aucun programme n'est encore à l'affiche et l'Agora se trouvant en face, où l'on a l'habitude d'organiser d'intenses activités, semble lugubre et sinistre à la blafarde lumière des lampadaires.