En l'absence de lieux de détente et de loisirs, des locaux de fortune, faisant office de cafés, sont ouverts durant la nuit. La monotonie de la dure journée du carême n'a d'égal que l'oisiveté des nuits de Ramadhan dans les régions rurales de la wilaya de Jijel. Si au chef-lieu de cette wilaya la corniche offre à ses habitants une évasion assez particulière dès la rupture du jeûne, avec les sorties en famille ou en groupes d'amis pour siroter un thé sur une terrasse de café ou se rafraîchir en bord de mer, ailleurs dans les petites bourgades la vie nocturne est toute autre. L'ennui est au rendez-vous en l'absence d'espaces de détente et de loisirs. Dans certains villages, des petits locaux de fortune, faisant office de cafés, sont ouverts. Ils rassemblent généralement les jeunes du douar. Entre une cigarette et un café, le local en question est vite transformé en espace d'échanges et de détente par des jeunes en mal de sorties nocturnes. «On s'ennuie, bien sûr, il n'y a rien qui incite à savourer les veillées du Ramadhan», témoigne un jeune de Settara, commune à vocation rurale du sud-est de la wilaya. Sans animation particulière, les bourgades éloignées vivent au rythme des prières des Tarawih et de quelques rencontres entre voisins et amis pour s'échanger les nouvelles du village. Dans les régions les plus éloignées, à l'image de la localité de Béni S'bih, dans la commune de Ghebala, les gens n'ont pas où aller. «Ils ne veillent pas», affirme un élu. Cependant, au chef-lieu de cette commune, un semblant d'activité est observé dans les rues après le f'tour, et des rencontres s'organisent dans les quelques cafés de la bourgade. Le désir de changer d'air et de se tremper dans l'ambiance des grandes agglomérations, pousse certains à faire des déplacements par bus ou par voitures, juste pour le plaisir de prendre le pouls du mouvement nocturne dans les villes. Synonyme de prières et de veillées, le mois sacré insuffle un certain rythme de vie, aussi bien dans les villes que dans les villages les plus éloignés, comme les visites entre familles, qui demeurent une tradition bien ancrée. La prière, surtout celle du Icha et des Tarawih, est incontournable après une dure journée de jeûne. Les traditions culinaires connaissent également un changement durant ce mois, avec des mets spécialement préparés pour la circonstance. Les veillées qui se prolongent jusqu'à des heures tardives, voire jusqu'à celle du S'hour, ont une saveur particulière pour les jeûneurs. Dans toute la wilaya de Jijel, Ramadhan a ceci de particulier: il change et casse la routine des autres mois de l'année. Jijel, une ville qui offre un cadre de vie plus améliorée par rapport aux autres agglomérations de la wilaya, reste de loin la plus animée la nuit.