L'apparition de nouvelles chaînes de télévision privées, qui émettent à partir de l'étranger, rend plus que jamais urgente cette loi pour réguler le secteur dans la transparence. La question de l'audiovisuel reste encore très confuse en Algérie. Si les pouvoirs publics ont annoncé son ouverture, en grande pompe, ils tardent toujours à définir la loi devant régir ce domaine précis. Alors que la nouvelle loi sur l'information a été promulguée en janvier dernier, en effet, il n'existe encore aucune assise juridique concernant l'audiovisuel. Le comble, c'est que des chaînes privées sont nées avant même la naissance de la loi sur l'audiovisuel. D'où la complexité d'ouvrir un débat transparent sur cette problématique. Chose d'ailleurs qui a été vérifiée, dans la soirée d'avant-hier, lors d'une rencontre organisée à la librairie Emir-Abdelkader, à l'initiative du propriétaire du quotidien Algérie News, H'mida Layachi, fondateur de la nouvelle chaîne El-Djazaïria, où les invités au débat sur l'ouverture de l'audiovisuel se sont contentés de rappeler des généralités contenues dans l'ancienne loi sur l'information de 1990, où celle nouvellement promulguée. La nouveauté reste cependant l'annonce faite à cette occasion, par le conseiller auprès du ministère de l'Information, Saïd Chabane, concernant la tenue d'un séminaire national en septembre prochain, pour débattre de l'avant-projet de loi sur l'audiovisuel, déjà concocté au niveau de son département. Selon le représentant du ministère, l'objectif de ce séminaire est “d'enrichir" les textes de cet avant-projet de loi sur l'audiovisuel. À la question de savoir comment se fait-il que des chaînes “algériennes" soient lancées avant l'élaboration de la loi, M. Chabane qui considère ces chaînes comme étant des entreprises “de droit étranger", tant qu'elles ne diffusent pas à partir de l'Algérie, se limite à dire que ces chaînes “doivent se conformer à la loi, une fois élaborée". La grande question reste, cependant, celle de savoir comment se fait-il que ces chaînes “étrangement algériennes", pour reprendre le propos d'Ahcène Djaballah, ancien directeur de l'APS et enseignant à l'Ecole du journalisme, également invité à cette rencontre, ont pu être accréditées aussitôt qu'elles ont été créées !? Dans son intervention, un des responsables d'El-Djazaïria n'ignore pas cette réalité en avouant que (sa) chaîne “peut être empêchée de travailler à tout moment". Autre reproche fait à ces “chaînes privées algériennes de droit étranger", est leur refus de payer les droits d'auteur. Une infraction que l'Office national des droits d'auteur (Onda) dénonce vivement. En perspective de la loi sur l'audiovisuel, les intervenants au débat d'avant-hier ont, par ailleurs, mis l'accent sur l'importance de la mise en place d'une autorité de régulation de l'audiovisuel. Ahcène Djaballah insiste à ce titre pour que cette autorité de régulation soit “indépendante et mise au service du citoyen pour éviter les pouvoirs financiers". À son tour, le représentant du ministère prévient que l'autorité de régulation “doit s'occuper du contenu dans le but de protéger les citoyens". Les mêmes invités d'Algérie News n'ont pas manqué de rappeler la nécessité d'entamer le processus de l'ouverture du champ audiovisuel par le lancement de “chaînes thématiques, et penser ensuite à aller vers d'autres généralistes". F A