Introduite par la loi organique relative à l'information, l'ouverture de l'audiovisuel au secteur privé n'est qu'à ses premiers balbutiements 8 mois après l'adoption du texte organique. Le ministère de la Communication par la voie du conseiller Saïd Chaâbani affirme pourtant qu'une commission d'experts installée en mai dernier, planche «sereinement» sur la question et annonce un séminaire pour le mois de septembre prochain. Rappelant le cadre organique tracé par la loi relative à l'information, le représentant du ministère qui s'exprimait hier, lors d'une conférence-débat au siège de la nouvelle librairie d'Algérie News (Alger), animé conjointement avec le journaliste Belkacem Ahcen Djaballah, ancien membre du Conseil supérieur de l'information (CSI) et quelques représentants des chaînes privées «de droit étranger» qui sont apparues dernièrement dans le paysage médiatique, a affirmé que l'Etat a «une volonté sans ambages» en vue d'ouvrir ce secteur au privé. Il en veut pour preuve la création d'un centre de formation aux métiers de l'audiovisuel et la consécration à la formation de 400 millions de dinars dans le cadre de la loi de finances 2012. «Nous avons commencé à travailler sur la question depuis mai dernier avec la création d'une commission composée d'experts et deux représentants du ministère seulement», a-t-il expliqué annonçant un séminaire qui aura pour but «d'enrichir le texte de loi en gestation». S'en tenant aux dispositions de la loi organique relative à l'information, le représentant du ministère qui ne veut pas «polémiquer» notamment sur ces nouvelles chaînes de droit étranger (Chourouk, En-Nahar, El Djazaïria…) s'en remettra à l'autorité de régulation qui décidera de «retenir ou rejeter tel ou tel dossier». «C'est l'autorité de régulation qui aura toute la latitude de trancher sur la question», a-t-il dit soulignant toutefois que ces nouvelles chaînes «doivent se mettre en conformité avec la loi» une fois le texte fin prêt. Belkacem Ahcen Djaballah a, quant à lui, souligné au début de son intervention que l'ouverture de l'audiovisuel au privé «s'impose de fait» mais va créer selon lui «un certain nombre de problèmes. Aussi s'interrogera-t-il sur le sort de ces chaînes privées «étrangement algériennes» et sur la nature du texte promis par le ministère pour les meilleurs délais. Il rappellera à cet effet qu'il existait dans les années 1990 un Conseil de l'audiovisuel mais qui n'est pas une autorité de régulation. «Il avait un rôle consultatif», a-t-il dit notant que depuis, «les choses ont évolué d'une autre manière après la disparition du CSI, et ça dure encore». «Il faut attendre encore l'avant-projet de loi», conseillera, lors des débats, le représentant du ministère comme pour éviter certaines questions qui fâchent et Djaballah préconisera d'aller plus vite vers l'ouverture de l'audiovisuel au privé et «respecter et faire respecter le cahier des charges», tout en veillant à avoir une autorité de régulation «indépendante des pouvoirs financiers». L'ex-directeur de l'APS fera remarquer cependant que la loi organique relative à l'information parle de «chaînes thématiques», d'où les problèmes qui vont en découler qu'il a évoqués. Selon lui, il faut «revoir la loi organique», chose peu évidente, se ravise-t-il, préconisant que l'ouverture doit aussi toucher le service public. Tout comme les conférenciers, plusieurs intervenants ont mis l'accent sur «la nécessité d'ouvrir l'audiovisuel dans la transparence la plus totale» en favorisant le professionnalisme au détriment du «bricolage pour relever les défis qui s'imposent à nous dans ce secteur des plus sensibles».