L'art d'invoquer Ce passage est tiré de la parabole de sidna Ibrahim parmi les huit que compte sourate Echouâra. Nous l'avons choisi par ce qu'il a une particularité qui renseigne sur la manière, le respect, la profondeur d'esprit et la politesse du prophète Ibrahim (sur lui la paix) en s'adressant à Dieu, son ami et son intime. Avant de prononcer son invocation, il a dû certainement mûrement réfléchi à deux choses : la manière de s'adresser à Dieu et le choix du contenu. Une analyse du texte de l'invocation nous donne un aperçu. Il est divisé en deux parties : L'évocation de cinq attributs divins comme rapprochement C'est judicieux. Il faut connaître le Seigneur auquel on se soumet et se prosterne. Son peuple s'adresse à des divinités et des esprits qui leur font peur. Lui élève le débat. Il définit son Seigneur en toute connaissance de cause et en ayant plein confiance. C‘est le Seigneur des couples ; création et guidée, nourriture et boisson, guérison et maladie, mort et vie et enfin le jugement et le pardon. Il va de soi que l'invocation divine a ses règles. On a : "Celui (le Seigneur des mondes] qui m'a créé, c'est lui-même qui me guide (78) C'est lui qui me nourrit et me donne à boire (79) C'est lui qui me guérit quand je suis malade (80) C'est lui qui me fera mourir et me rappellera à la vie (81) C'est de lui que j'espère le pardon de ma faute, le jour du jugement." (82) L'invocation de cinq choses Ce n'est qu'après avoir prononcé sa soumission et sa reconnaissance par l'évocation des cinq attributs divins dans un cadre de piété, de concentration et de recueillement, que sidna Ibrahim prononça son invocation comprenant étrangement cinq choses en échange : l'octroi d'un pouvoir (la prophétie et la science) et son accès au rang des saints, la langue de vérité à suivre comme exemple, l'héritage du Paradis, le pardon à son père (avant que Dieu ne lui apprenne que son père n'était pas de la famille des croyants, car l'invocation de Dieu unique dans le monothéisme n'est valable que pour les croyants et c'est logique car à chacun sa divinité) et enfin le salut le jour de la Résurrection. Lisez en ayant à l'esprit ces cinq points : "Seigneur ! Accorde-moi le pouvoir de juger [avec discernement] et fais-moi rejoindre les saints ! (83) Fais que ma langue [ne dise que] la vérité, pour les générations futures ! (84) Fais que je sois du nombre des héritiers du jardin des délices ! (85) Accorde ton pardon à mon père qui était du nombre des égarés (86) Ne m'accable pas d'ignominies lorsqu'ils seront ressuscités (87) au jour où la richesse et les enfants ne seront d'aucune utilité (88) sauf pour celui qui se présentera devant Dieu avec un cœur pur." (89) Cette belle scène très élégante et artistique nous a été ramenée avec fidélité par la parabole de sidna Ibrahim. C'est Dieu qui l'a relevé en remarquant le bon comportement de son prophète. Elle n'est pas passée inaperçue, signe qu'elle a été bien agréée. Les récitants qui ne font pas attention y passent allègrement, alors qu'elle mérite bien un temps d'admiration et d'inspiration.Cette bonne manière d'invoquer a été perpétuée par la tradition de notre Prophète (QSSL) qui recommande l'intention, les ablutions, la piété, la présentation d'aumône pour les pauvres, le choix de l‘heure de la prière d'invocation. Il y a des invocations qui ne se rejettent pas : l'homme victime d'une injustice flagrante, le père pour son enfant et le voyageur. On leur ajoute aussi celles jeûneurs, des malades, des femmes enceintes, des gens pieux. En islam, l'invocation est une obligation au même titre que le travail. Elle n'est pas synonyme de fainéantise. Elle n'absout pas le travail et l'effort. Bien au contraire. C'est un stimulant et une motivation. Dieu est proche et exauce si l'on sincère. En cette nuit du Destin, Dieu fait en sorte de nous profiter de la baraka de l'invocation du prophète Ibrahim, votre ami et de nous inscrire les bienfaits de cette Nuit en ouvrant les voies du salut ici bas et dans l'au-delà. Smail Boudechiche