Permettez-moi de rappeler à votre attention l'événement prodigieux vécu par notre Prophète Mohammed, Salut Divin Sur Lui, la nuit du 27e jour du mois sacré de «Radjeb», quelque peu avant son émigration solennelle à Médine, ville qui deviendra plus tard, capitale d'un Etat de droit, de tolérance, du juste milieu; un Etat unique dans toute l'histoire de l'humanité entière. Cet Etat modèle, édifié sur la base des valeurs morales et spirituelles, embrassa une société pilote d'amour, de sacrifice et d'assurance, vivant les uns avec les autres, dans le respect de l'autre, dans l'égalité entre tous, sans distinction aucune, dans la justice sociale, dans la fraternité exemplaire sans précédent. Chaque élément de cette société, fidèle à la noble cause, se verra investi d'une mission universelle, à savoir : transmettre les bienfaits de cette nouvelle civilisation, consignés dans les Révélations coraniques et dans les orientations sages du Prophète, et surtout de les faire vivre par tous les hommes de la planète, grâce à leur droiture dans leur mode de vie et à leur comportement vertueux. Il s'agit en effet, de ce voyage nocturne et de cette somptueuse ascension céleste que notre Vénéré Prophète, Salut Divin Sur Lui, a effectué, corps et âme, non dans un rêve, en sa qualité d'Invité d'honneur, appelé par la Grâce, à la Table de notre Seigneur, Maître des Mondes, Louange à Lui Seul. Oui, cette invitation, en guise de miséricorde et de compassion divine, survint au moment où notre Prophète souffrit d'un long chagrin : il perdit le soutien moral et physique de jadis, à cause de la mort de son oncle paternel Abou Taleb qui fut pour lui le véritable père protecteur et du décès de son épouse, Dame noble et pure Khadidja, son admirable compagne qui s'était donnée à lui, alors qu'il était pauvre et qui avait cru en Sa mission alors qu'il était traité d'imposteur, la confidente intime de tous ses espoirs et la tendre consolatrice de tous ses désespoirs. Cette invitation divine survint surtout en appel à son secours, au moment où il fut pourchassé, ainsi que ses compagnons de lutte, par ses proches et amis, dont le redoutable oncle paternel Abou Laheb, qui le déclara «hors la loi» sous tous les toits, alors que tous ces derniers lui rendirent hommage et respect durant toutes les quarante années précédant sa noble Mission, et reconnurent tous en sa personne, les valeurs d'un homme équilibré, juste et intègre. Devenu un être sans défense, privé de la protection qu'assure la solidarité tribale, un isolé que n'importe qui pouvait impunément tuer, maltraiter ou vendre, le Prophète Mohammed, Salut Divin Sur Lui, finit par se réfugier en compagnie de Zeïd ben Haritha (ex-fils adoptif), dans l'oasis de «Taïf», où il se mit à prêcher. Mais l'accueil que la population réserva à cette prédication, fut fort cruel : il faillit perdre la vie. Abandonné, inquiet, sans patrie, le Prophète s'adressa à Dieu le Compatissant: «Je me réfugie en Toi, Seigneur, contre ma faiblesse et mon impuissance. Tu es le Dieu des faibles. Tu es mon Seigneur et mon Dieu. M'abandonneras-Tu aux inconnus ou à mes ennemis, pour faire de moi ce qu'ils veulent? Mon Dieu, je n'ai personne autre que Toi, Seigneur, sur qui je puisse m'appuyer. Quoi qu'il en soit, si Tu n'es pas irrité contre moi, alors toutes les épreuves que je subirais, me seraient fort indifférentes.» Pour retourner à la Mecque, sans s'exposer à une mort certaine, il lui fallut une protection, celle de Mut'am ben Adyya, lequel accepta de lui accorder bon accueil. En dépit de tout cela, le Vénéré Prophète, Salut Divin Sur Lui, eut la certitude, en sa qualité de l'Elu du Ciel et du Protégé par la Divinité Suprême, qu'il ne peut être livré à lui-même ; mais il doit subir, à l'instar de tous les Prophètes et Messagers de Dieu, son lot d'épreuves. Voilà sans tarder, survint l'événement heureux. Le premier verset de la Sourate dite «Al Isra ou Le Voyage Nocturne» signale la première étape de ce périple que voici: «Gloire à Celui qui a fait voyager de nuit son Serviteur, de la Mosquée Sacrée (de la Mecque) à la Mosquée très éloignée (de Jérusalem), dont Nous avons béni l'alentour, afin de lui montrer certaines de Nos Merveilles. Il est vraiment l'Audient, le Clairvoyant.» Quant à la seconde étape, elle en a été brièvement relatée par les premiers versets de la sourate dite «An Najm ou l'Etoile» Il convient de souligner à ce titre, que notre Prophète, Salut Divin Sur Lui, dormait dans la maison de sa cousine Umm Hnni, fille de son oncle Abou Taleb et soeur de ‘Ali, qui deviendra son gendre plus tard, maison située à proximité du sanctuaire sacré de la Ka'ba. Il fut réveillé par l'Ange Gabriel qui pénétra par une brèche faite dans le toit. Le Prophète nous raconte: «l'Ange Gabriel, dit-il, descendit par cette brèche dans la pièce où je dormais. L'Ange fendit ma poitrine et la lava avec de l'eau de «Zemzem» de tout ce qu'il pouvait contenir de doute, d'idolâtrie, de paganisme et d'erreur, et l'emplit de sagesse et de foi, puisées dans une aiguière merveilleuse que les Anges avaient apportée.» L'Ange Gabriel le saisit par la main après avoir refermé sa poitrine et le conduisit vers une monture mystérieuse resplendissante et rapide comme l'éclair (Buraq), de taille moyenne, «entre la mule et l'âne, ayant une tête de femme». Le Prophète monta sur cette monture ailée, et fut d'abord acheminé vers le Mont Sinaï, où Dieu, Gloire à Lui Seul, parla à Moïse, à Bethléem, lieu de naissance de Jésus, et à Héron où est enterré Abraham...que Dieu les comble tous de son Salut. Au cours de chacune de ses haltes, le Prophète fit ses prières. Arrivé à Jérusalem, il descendit de sa mystérieuse monture, et pria sur les ruines de Salomon (fils de David) avec Abraham, Moïse et Jésus; il y rencontra l'ensemble des Prophètes et Messagers de Dieu, (qui sont au nombre de cent vingt-quatre mille, dont trois cents treize Messagers), depuis Adam (père de l'humanité), Il dirigea, en leur compagnie, les prières dans l'enceinte de la Mosquée d'Al Aksa , que Dieu la purifie, de même que tous les lieux sacrés sur terre, de quelque religion qu'ils soient, de la souillure des tyrans, de l'infamie des sionistes et de la turpitude des colons. C'est à cette étape que prend la fin de la première partie du voyage (Al Isra), effectué de la Mosquée Sacrée de la Mecque, à la Mosquée lointaine de Jérusalem. Le sens en est l'affirmation de l'unité de la prophétie, la proclamation sous forme d'une chaîne symbolique, unissant tous les envoyés de Dieu, de l'identité des messages divins, transmis par tous les Prophètes notamment Abraham, Moïse, Jésus, Mohammed, que Dieu les comble de sa Grâce et de son Salut. En effet, à cette étape terrestre succède l'étape la plus importante de ce voyage : l'étape céleste fut décrite avec éloquence par le Saint Coran comme suit: «Par l'étoile à son déclin, votre compagnon ne s'est guère égaré ni induit en erreur ; il ne peut prononcer aucune parole sous l'effet de la passion; mais c'est uniquement une Révélation inspirée, que lui a enseignée un Etre à la force prodigieuse (Gabriel), doué de sagacité, qui se tint en équilibre devant Lui, alors qu'il fut à l'Horizon Supérieur. Puis l'Etre s'approcha et demeura suspendu à la distance de deux portées d'arc ou moins encore. Dieu révéla ainsi à son Serviteur ce qui lui révéla. Le coeur n'a point menti en ce qu'il a vu. Le prendrez-vous à partie pour ce qu'il contemple? Et certes, il l'a vu une autre fois, près du Lotus de la Limite, non loin de l'asile paradisiaque, lorsque le Lotus fut couvert par ce qui couvre. Le regard ne dévia point et n'outrepassa point. Des Signes de son Seigneur, il en vit des plus grands.» (Sourate dite «l'Etoile» ou «An Najm» Versets de 1 à 18). Avant d'entreprendre la seconde partie de ce voyage solennel, notre Vénéré Prophète laissa l'empreinte de son pied sur la coupole du Rocher. Il arriva, toujours monté sur la monture embellie «El Buraq», au ciel inférieur de la lune et des étoiles (que nous observons d'ailleurs à l'oeil nu) où il salua au passage Adam (père du genre humain), ayant à sa droite, les élus du paradis qui le font sourire et à sa gauche, les damnés qui le font pleurer. Dans les six autres cieux, notre Prophète, Salut Divin Sur Lui, rencontra ses pères et frères spirituels, les prophètes: Noé, Jésus et Jean, Joseph, Idriss (Hénoch), Haraon (frère de Moïse), au sixième ciel Moïse, et, au septième, Abraham (père spirituel des prophètes), s'appuyant contre la Demeure fréquentée par les Anges. Les êtres et les choses qu'il voit, le frappent par l'immensité de leur forme. L'Ange de la mort, l'Ange des larmes, l'Ange du châtiment au visage de cuivre, assis sur un trône de flammes, un autre Ange, mi-feu mi-neige, entouré de choeurs célestes implorant le Seigneur: «ô Dieu, Tu as uni la neige et le feu, uni de même tous Tes serviteurs dans la foi et l'obéissance à Ta loi.» Le Prophète vit également dans cet univers les Anges et entendit les chuchotements ou légers bruits des Plumes de ceux qui transcrivent les Actes de Dieu, Gloire à Lui Seul. Il fut ensuite transporté vers le Lotus de la Limite (Sidrat El Mountaha) qui fleurit, à la droite du Trône Invisible de Dieu, et, au-delà duquel se dresse l'Inconnu. Puis en un clin d'oeil, ou moins encore, le Prophète traversa des océans sans fin, d'immenses zones séparées comme par des voiles de gaze, et distantes les unes des autres par cinq cents années de marche, zones d'obscurité absolue, de feu, de gaz, de vide, de lumières éblouissantes, au-dessus desquelles s'étalent d'autres zones non moins vertigineuses, où se succèdent dans leur idéal absolu la Beauté, la Perfection, la Souveraineté, l'Unité. Derrière celle-ci, étaient en adoration des milliers d'Anges prosternés, immobiles dans un silence total. Puis, notre Prophète fut happé par une mystérieuse Lumière qui le mit à proximité du Trône Divin «à une distance de deux portées d'arc ou moins encore.» Il se sentit dans un état de grande extase, de ravissement voisin de l'anéantissement, tout en conservant ses facultés perceptives. Notre Vénéré Prophète Salut Divin, contempla Dieu le Seigneur, dont nul n'est égal à Lui, avec les yeux de son esprit, «Dieu que rien ne peut exprimer et qui surpasse l'entendement des hommes». Le Prophète reçut de son Dieu un certain nombre de commandements, définissant les devoirs de chaque musulman, à savoir: n'adorez que Dieu, et, Dieu Seul Parfait en son Essence et son Unité, aimer son prochain comme soi-même, et protéger les faibles. Aimer, vénérer et assister son père, sa mère, ses proches. Accueillir les infortunés, les orphelins, les abandonnés, les voyageurs, les étrangers en les considérant comme des hôtes de Dieu. Ne pas tuer ni commettre d'adultère. N'être ni prodigue, ni avare, ni concupiscent, ni orgueilleux. Respecter tous les êtres, respecter la propriété d'autrui et prendre convenablement soin des biens des orphelins. Etre honnête et loyal en tout et envers tout: s'interdire de falsifier les écrits, de pratiquer l'usure, de frauder sur des poids et mesures, de porter un faux témoignage...Pour sa Mission, Dieu lui recommande la patience, la bonté, le pardon des offenses, la piété pour les persécuteurs «qui ne savent pas». Il lui fit connaître qu'il se doit de se préparer à l'exil, ce qui exigera de lui et des croyants courage, abnégation et volonté, un sincère esprit de sacrifice. Dieu lui prescrit, à lui et à tous ses adeptes d'effectuer quotidiennement cinquante prières. Cependant, sur les conseils de Moïse, Salut Divin Sur Lui, qui lui signale avec amertume: «Mon expérience avec les fils d'Israël, m'a édifié sur le degré de piété des hommes.» Le Prophète retourna à maintes reprises auprès du Seigneur afin d'obtenir l'allégement de cette charge, dont la Grâce Divine a voulu qu'elle soit réduite à cinq prières obligatoires par jour, et rétribuées pour cinquante. Telle fut la Décision du Seigneur, le Souverain, Maître des mondes. Après avoir perçu sous l'égide de l'Ange Gabriel le Paradis, l'Enfer, et appris du Ciel tout ce qu'il devrait connaître, notre Prophète descendit par l'Echelle Lumineuse sur Jérusalem, enfourcha à nouveau la monture ailée, et de là, rentra à la Mecque. A noter en outre, que la Mosquée d'El-Aksa, servira plus tard aux musulmans et pendant plus de quinze mois, de point central de direction (Qibla), pour accomplir le rite de leurs prières, avant que n'intervienne, dans la mi-«Chaâbane», (mois précédent «Ramadan»), l'instruction divine de s'orienter dorénavant, vers le Temple sacré de la Mecque. Il ressort de ce qui précède: 1°) Dans toutes les circonstances, la Main du Seigneur reste la plus forte que tout. Elle domine tous les humains réunis. Elle protège et défend ses élus, lesquels ne peuvent être jamais abandonnés par la Grâce. Le Saint Coran fait état en effet de cette protection en ces termes: «Ô Messager, transmets ce qui t'a été descendu de la part de ton Seigneur. Si tu ne le fait pas, alors tu n'auras pas communiqué Son message. Et Allah te protégera des gens. Certes, Allah ne guide guère les gens mécréants.» (Sourate dite «La Table servie» ou «Al Ma'idah» Verset 67). En outre, notre Prophète en sa qualité de Sceau de l'ensemble des Messagers de Dieu se présente comme étant le Continuateur de toutes les Missions accomplies par les Prophètes qui l'ont précédé. Cette évasion spirituelle vers le Seigneur, renforce davantage la foi du croyant lucide, lui procure une immunité sans égal, contre les virus du moi, et donc, un remède contre toutes tentatives de désespoir allant, pour les faibles d'esprit, qui fuient lâchement leurs problèmes à l'image de l'autruche, jusqu'au suicide. Celui-ci devenu, de nos jours, malheureusement, solution facile pour tous ceux qui cherchent refuge, auprès de la «mère matière» qui dévorait et qui dévore encore ses petits. (A suivre)