La situation à Sidi Bouzid risque de prendre d'autres proportions. Après les partis politiques et autres groupuscules occultes, c'est le tour de l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) - comme au temps de Ben Ali - de se mêler des affaires qui ne la regardent point. Ainsi, les syndicalistes ont dans un communiqué appelé à une grève générale aujourd'hui dans la région de Sidi Bouzid (centre-ouest), théâtre de récentes manifestations et heurts qui ont opposé les manifestants aux services de sécurité vendredi dernier. "Nous avons décidé une grève générale à Sidi Bouzid pour réclamer la libération des manifestants interpellés récemment et pour exiger le développement de cette région", a indiqué Touhémi El-Héni, secrétaire général du bureau régional de l'UGTT à Sidi Bouzid, berceau de la révolution tunisienne. Cette décision a été prise à l'unanimité après une réunion de quatre heures rassemblant les membres du bureau régional, a-t-il précisé. L'appel à la grève a été lancé, depuis jeudi au début des manifestations, par des formations politiques comme le Parti des travailleurs tunisiens (gauche radicale), avant d'être adopté par les syndicats. Samedi, retour sur les lieux du crime. Des dizaines de personnes se sont rassemblées devant le tribunal de Sidi Bouzid pour réclamer la libération des manifestants interpellés jeudi au cours de l'accrochage avec les policiers. Le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Khaled Tarouche, avait indiqué dans la même journée de samedi que seulement huit personnes se trouvaient samedi en détention préventive après avoir cherché à entrer de force au siège du gouvernorat (préfecture) de Sidi Bouzid, Du coup, le Parti des travailleurs avait fait état de l'arrestation de cinq de ses militants dans cette manifestation. La réaction du chef du gouvernement Hamadi Jebali ne s'est pas fait attendre. Invité à la radio Mosaïque FM concernant ce qui se passe à Sidi Bouzid, il a considéré les appels à la libération des interpellés à Sidi Bouzid "très exagérés". étonnant ! Lui qui maîtrise bien le double langage - peut-être moins bien que Ghannouchi - il n'a pas trouver autre chose à dire que d'annoncer une seconde révolution, celle du développement et de la prospérité. Ainsi, ces appels représentent, pour lui, une démarche antirévolutionnaire et dangereuse. Hamadi Jebali ne comprend pas pourquoi l'UGTT ouvre ses portes à certains partis qui veulent "faire tomber la légitimité", soulignant que pour cela il faudra passer par des élections légitimes. Il estime, dans ce contexte, que ces discours appelant au soulèvement et à la révolution sont "extrémistes". Il n'a pas manqué de demander à l'UGTT de clarifier sa position par rapport à l'invitation de certains partis politiques dans ces locaux ou d'ouvrir ses portes à tous les partis politiques. Il s'est également interrogé sur le rôle que va jouer l'UGTT durant cette période d'instabilité. Une instabilité qui risque fort probablement de durer longtemps au vu d'une analyse de la situation générale du pays. I O.