Récusant la thèse officielle de l'assassinat terroriste, les membres de la famille du défunt ont exprimé leur détermination à aller jusqu'au bout, par devoir de mémoire pour faire éclater la vérité. Déjà 19 ans depuis que l'ex-premier Chef du gouvernement de l'ère pluraliste, Khalef Abdallah, dit Kasdi Merbah, a été assassiné en même temps que son frère Abdelaziz, son fils Hakim et leurs deux compagnons Nasri Abdelaziz et Aït-Mékidèche Lhachemi, dans un attentat perpétré le 21 août 1993 à Bordj-El-Bahri vers 19 heures 30. Hier matin, à 10 heures 30, des membres de sa famille, d'ex-compagnons, d'ex-militants du MAJD et des militants de la LADH se sont retrouvés réunis devant leurs sépultures pour s'y recueillir et déposer des gerbes de fleurs après la lecture de la Fatiha. Des prises de parole ont eu lieu pour retracer l'itinéraire du défunt, de mai 1956, date à laquelle il répondit à la grève des étudiants lancée par le FLN pour rejoindre les rangs de l'ALN dans la Wilaya V, en même temps que son frère le chahid Mustapha Khalef dit Chakib Arslane, tombé au champ d'honneur le 20 avril 1960, au jour fatidique de sa disparition. À l'occasion de cette commémoration, la famille du défunt est revenue à la charge pour exiger des autorités politiques, militaires et judiciaires l'ouverture d'une vraie enquête à même de déterminer les circonstances qui ont entouré cet assassinat qualifié de politique. Pour la famille, “la thèse de l'attentat islamiste est fallacieuse et le procès organisé une parodie. Lors de son assassinat, Kasdi Merbah était en mission quasi officielle pour trouver les moyens d'une issue à la crise grave qui secouait déjà le pays et qui risquait de s'aggraver davantage. En effet, la crise venait à peine de naître, après l'interruption du processus électoral et ne pas intervenir risquait d'alourdir la facture sur tous les plans et en particulier sur le plan sécuritaire. Des responsables au plus haut niveau étaient au courant de sa mission et l'avaient même encouragé. Malheureusement, d'autres en ont décidé autrement. Quoi qu'il en soit, la réconciliation nationale ne peut réussir véritablement sans le passage obligatoire par l'épreuve de vérité et justice." Ses ex-compagnons et les ex-militants du MAJD présents ont appuyé cette thèse en se référant à l'appel qualifié d'historique, lancé le 12 juillet 1993, par Kasdi Merbah et dans lequel il s'était adressé à toutes les parties pour les inviter à se réunir autour d'une même table pour trouver une solution pacifique et politique à la crise. Les membres de la LADH présents - Mohamed Daâdi, Aïcha Zitouni et Noureddine Belmouhoub - écartent, à leur tour, la thèse de l'attentat islamiste et exigent l'ouverture d'une enquête judiciaire afin d'identifier les commanditaires de cet assassinat politique. A. D