Plus le thermomètre monte, plus les manques exacerbent les citoyens de la Kabylie, plus particulièrement le sud de la wilaya. Coupures récurrentes d'électricité, manque d'eau dans la quasi-totalité des villages, maquis et oliveraies décimés, tel est le quotidien des populations. Des Ouadhias jusqu'à M'kira à l'extrême sud de la wilaya en passant par Boghni et Draâ El-Mizan, chaque jour que Dieu fait, on assiste à la fermeture d'une mairie, d'un siège de daïra, d'une agence Sonelgaz ou d'une agence ADE (Algérienne des eaux). D'ailleurs, c'est le seul mode de revendications qui reste aux citoyens pour exprimer leur ras-le-bol. Au troisième jour de l'Aïd, c'est la population de Bouhamou qui allait revendiquer l'eau potable auprès des responsables de la commune. “C'est un problème qui dure depuis dix ans. À chaque fois que nous soulevons cette revendication, des promesses et des solutions trompe-l'œil, puis rien. Depuis trois mois, aucune goutte d'eau n'a coulé des robinets", fulmine un contestataire devant la mairie d'Aïn Zaouïa. Un peu plus à l'Ouest, plus précisément à Tifaou ou encore à Hellil, les citoyens ne sont alimentés qu'avec des camions-citernes. “Nous n'avons pas de moyens. Les deux camions-citernes que nous avons sont mis à leur disposition, mais c'est insuffisant. Nous sommes en face d'un problème épineux. Et puis ce sont tous les villages qui nous assaillent à ce propos", répond un membre de l'exécutif communal. Mercredi, ce sont les villageois de Hennia, dans la commune de Draâ El-Mizan, qui ont opté pour la fermeture du siège de la daïra de Draâ El-Mizan où, en plus du manque d'eau potable, ils ont soulevé deux points essentiels à savoir le bitumage de la route et l'assainissement. À chaque fermeture de siège ou à chaque contestation, les autorités se mobilisent, mais seulement pour calmer les esprits. L'alimentation en eau potable du versant sud à partir du barrage de Koudiat-Acerdoune n'a été qu'un leurre et un tapage médiatique. À M'kira, un transformateur ayant explosé le jour de l'Aïd tarde à être remplacé en vue d'atténuer toutes ces perturbations et chutes de tension qui ne font que monter la pression. Et c'est la même situation que vivent les habitants du douar d'Ath Kouffi dans la région de Boghni. Quant aux bilans des incendies qui ne sont d'ailleurs que provisoires, il est recensé plus de deux cents hectares brûlés. Des milliers d'oliviers et arbres fruitiers sont partis en fumée. “Qui est à l'origine de ces incendies ?" Cette question taraude les esprits et ajoute du... feu à la colère des habitants de la région.