Résumé : Aïda le presse de questions et finit par découvrir que Smaïl est fâché avec son père. Ce dernier ne veut pas d'elle. Smaïl espère que sa mère arrivera à le raisonner. Il lui parle de fuguer si tous ne veulent pas de ce mariage. Elle accepte. Quelques jours après, ils se séparent à la gare de l'Agha. Des adieux douloureux... Aïda est heureuse de découvrir son père à la gare. Il était plus de dix heures du soir et elle avait craint que personne ne soit là à l'attendre. Elle leur avait envoyé un télégramme la veille et ignorait jusqu'à maintenant s'ils l'avaient reçu ou non. Son retour à la maison est une vraie fête. Sa mère Karima avait prévenu ses sœurs mariées. Elles étaient venues avec leurs enfants et, malgré l'heure tardive, elles avaient tenu à l'attendre. Il n'était pas question pour elles de se mettre au lit sans l'avoir vue. Sa mère n'en revient pas quand elle leur apprend qu'elle a soutenu avec succès. Félicitations ma fille ! Inch Allah, toute ta vie sera jalonnée de succès ! Je l'espère aussi maman ! Moi et Nadia avions beaucoup travaillé, nous tenions à réussir ! Mais il nous reste à trouver du travail et ce ne sera pas facile ! Ton père connaît tout le monde dans la région, la rassure sa mère. Il va te trouver quelque chose, n'est-ce pas Ali ? Nous avons entièrement le temps, elle vient d'arriver, répond-il. Elle a besoin de repos maintenant ! Ces derniers mois ont dû être très pénibles... Aïda reconnaît qu'elle n'a pas eu le temps de se reposer depuis longtemps. Elle est soulagée lorsque ses sœurs Maria et Ferrouz proposent de monter se coucher. Leur père Ali est un ancien entrepreneur, il est connu et apprécié de tout le monde dans la région. Aïda ne se fait aucun doute là-dessus, il allait vite lui dénicher un travail. La jeune fille est heureuse de retrouver sa chambre. Elle s'assoit au milieu du lit et ses sœurs la rejoignent vite. Ces dernières n'ont aucune envie de dormir, elles veulent discuter avec elle sans avoir à craindre des oreilles indiscrètes.il y a si longtemps qu'elles ne se sont pas vues, cela faisait plus de six mois depuis qu'elle était partie à Alger et qu'elle n'en était pas revenue. Elles sont toutes au courant de son histoire d'amour et elles veulent savoir comment se sont passés ces derniers mois avec Smaïl. - Allez, raconte-nous ! la prie sa sœur Maria. - On est toujours ensemble, dit-elle en sentant son cœur se serrer au doux souvenir de son bien-aimé. Il a parlé de moi, à ses parents ! Il tient à se marier avec moi... Et je suis d'accord ! - Tu es folle ! s'écrie sa sœur Ferrouz. Papa n'acceptera jamais. Il tient à ce qu'on se marie ici ! Tu ne seras pas une exception. Tu sembles oublier que j'ai dû rompre avec Larbi parce qu'il n'était pas de la région ! C'était ça ou le reniement ! - Je préfère être reniée que de vivre dans la monotonie d'un mariage arrangé ! Je ne suis pas vous, leur dit Aïda. Je me marierai avec celui que j'aime ! Qu'il soit riche ou pauvre, peu importe ! Tout ce qui compte est que moi et lui on soit ensemble ! Sa sœur Maria soupire, elle est désolée pour elle. Papa ne te laissera pas le choix ! Et tu seras obligée de changer et d'accepter qu'il décide pour toi ! Tu sembles avoir oublié combien il peut se montrer dur, inflexible sur certains sujets... Je m'en fiche, dit Aïda. J'ai prêté serment et jamais je ne reviendrai là-dessus ! Ce ne sont que des mots, réplique Maria. Et quelle idée que de se promettre ! Ça n'a rien de sacré... Et puis, autant tu le saches maintenant, tu as eu un prétendant dernièrement ! Un garçon que papa estime beaucoup ! Sa famille viendra de te voir maintenant que tu es rentrée... Aïda se prend la tête entre les mains et se met à pleurer. Merci de gâcher mon retour à la maison, murmure-t-elle. Si j'avais su, je ne serais pas revenue ! Ferrouz l'attire contre elle et tente de la réconforter. Elle lui donne un conseil, sachant que leur mère approuvera toutes les décisions de leur père. Ne lui en parle pas, lui conseille-t-elle. Tu connais maman, elle se mettrait à te surveiller et à tout t'interdire ! Je suis fatiguée, je voudrais dormir... Ses sœurs échangent un regard et décident de ne pas tarder. Bonne nuit... On se verra demain ! Dors bien... Aïda ne prend pas la peine de se changer. La nouvelle l'a comme assommée. Elle s'endort avec l'idée qu'elle aurait mieux fait de rester Alger. Elle retrouve dans ses rêves Smaïl. Comme il est bon d'être avec lui. Elle voudrait que le rêve ne finisse pas et que le jour ne se lève pas... (À suivre) A. K.