Tout en gardant secrèt, l'identité de l'informateur qui a donné Saddam Hussein, les Américains affirment que celui-ci faisait partie de son plus proche entourage depuis la chute du régime le 9 avril dernier. Il est même qualifié de bras droit par le commandant Stan Murphy. D'emblée, l'officier US annonce que l'informateur ne touchera pas les 25 000 000 de dollars, de la mise à prix de l'arrestation de Saddam Hussein. “C'est un sale type et il mérite de pourrir en prison”, dira-t-il de lui. Selon certaines sources, l'homme n'aurait pas livré de plein gré les renseignements sur le lieu où se cachait l'ex-maître de Bagdad. C'est ce qui expliquerait la haine des soldats américains à son égard. Stan Murphy ne donnera aucun détail sur l'endroit où cet “indicateur” est gardé en détention. Ce dernier est âgé d'une cinquantaine d'années. Sa relation avec Saddam Hussein daterait de son adolescence, période où il avait été mis à son service. Il aurait graduellement gravi les échelons pour devenir son homme de confiance, voire son confident. Stan Murphy ira jusqu'à en faire une description physique, détaillée, en disant : “Il est chauve, obèse et amateur de femmes.” On constate qu'il y a là assez d'indications pour ceux qui connaissent le proche entourage de Saddam, pour identifier cet homme. Son rôle était loin d'être négligeable dans la gestion de l'Irak, du moment qu'on lui impute une certaine responsabilité dans les crimes commis contre le peuple irakien. Il semblerait, toujours d'après le militaire US, que l'homme constituait, avec quatre ou cinq autres personnes, le noyau dur autour de Saddam Hussein, qui avait pour mission de l'aider à se cacher. L'informateur dirigeait un groupe fort réduit de personnes, qui préparait la logistique et dénichait les endroits au nord et à l'ouest de Bagdad où Saddam Hussein pouvait se cacher. Le nombre de ces caches est estimé à une trentaine et même plus. Le réseau agissant sous les ordres de cet informateur était chargé de transmettre les ordres de l'ancien président pour les attaques contre les forces américaines. À en croire le chef du service de renseignements de la IVe division de l'armée US, qui affirme que ce groupe finançait et fournissait des armes à la guérilla; Saddam Hussein était bel et bien derrière les attaques contre les soldats américains. Mais alors, pourquoi les attentats se poursuivent-ils encore depuis son arrestation ? Toujours selon l'officier américain, c'est un véritable réseau qui démarrait des recommandations de l'ancien président à ceux qui appuyaient sur la gâchette, conduisaient les véhicules piégés ou déposaient les bombes. Ainsi, il y aurait de quatre à neuf intermédiaires entre Saddam Hussein et les exécuteurs des attaques. Quant au transport du “raïs” d'une cache à l'autre, il se faisait, selon les déclarations du commandant Murphy, par taxi, de type Toyota, pour ne pas trop le fatiguer à cause de ses problèmes de dos. Le “bras droit” constituait un élément important dans la capture de Saddam Hussein. Il fallait mettre la main sur lui pour espérer aboutir au président déchu. Après trois tentatives infructueuses à Samara, à Badji et à Tikrit, l'homme est finalement tombé dans le filet américain, le 12 décembre, à Bagdad, en début d'après-midi. Il n'a pu résister longtemps à l'interrogatoire des spécialistes américains, révélant la cache d'Al Daour près de Tikrit. Le lendemain, samedi 13 décembre, Saddam Hussein est arrêté. Six mois ont été nécessaires aux Américains pour parvenir jusqu'à cet homme. Ils se sont rendu compte de son importance en juillet, mais n'ont pu arriver à lui que difficilement, après plusieurs mois de recherche et de traque. K. A.