Qui est Saddam Hussein ? Qu'a-t-il commis pour subir un tel châtiment ? Qu'a-t-il fait pour avoir une aussi triste fin ? Pour répondre à de telles interrogations, un retour en arrière s'impose. Portrait. Né le 28 avril 1937, Saddam Hussein a grandi dans une famille sunnite paysanne. Faute de moyens, il n'a été scolarisé que tardivement. Deux années après son inscription dans un lycée de Baghdad, il verse dans la politique en adhérant en 1957 au parti Baâth. Après l'effondrement de la monarchie et la prise de pouvoir par les militaires, à leur tête le général Abdelkrim Qassam, en 1958, son parti se trouve contraint à se réfugier dans le camp de l'opposition. Avant de s'installer en Egypte, où il poursuivra ses études secondaires, le jeune Saddam a participé à une tentative d'assassinat contre Abdelkrim Qassam. Tentative avortée et qui l'a forcé à s'exiler en Syrie. Le renversement du régime de Qassam en 1963 lui a permis de rentrer au pays et de réintégrer le parti Baâth. Quelques mois après, le nouveau régime écarta son parti, le contraignant à activer clandestinement. L'ascension de Saddam Hussein commença lors du coup d'Etat auquel il a participé en 1968, renversant ainsi le régime de Qassam qui sera « fusillé » lui et certains de ses proches collaborateurs. Saddam Hussein n'a cessé, depuis, de gravir les échelons, passant ainsi de secrétaire général adjoint du parti Baâth à vice-président du Conseil de commandement de la révolution (CCR). Petit à petit, il finira par prendre la place de son principal promoteur, l'officier baâthiste, Hassan Al Bakr, qui s'est retiré du CCR en 1971. Il procédera par la suite à l'élimination de tous ses rivaux et régnera ensuite sans partage pendant plus de vingt ans. Durant ses premières années au pouvoir, Saddam Hussein s'est illustré par ses positions dites « nationalistes ». Il prendra comme première mesure la nationalisation des hydrocarbures. Son intronisation à la tête du pays il la doit aux Américains qui étaient à cette époque en pleine guerre froide contre l'empire soviétique. S'affichant vivement « pro-américain », Saddam Hussein réussit à obtenir facilement la couverture des USA dans l'exécution de milliers de communistes. Mieux, il aura bénéficié d'un soutien à la fois politique et militaire en acceptant en contrepartie de se lancer en guerre contre le camp soviétique et les communistes en général dans la région. Pour ce faire, les Américains l'ont aidé à se débarrasser des Kurdes qui s'opposaient au pouvoir baâthiste. L'alliance tacite entre le régime de Saddam et de Washington ne s'arrêtera pas à ce stade. Le président déchu déclenchera une guerre contre la République islamique de l'Iran en exécutant mot à mot un plan de guerre préparé par les services secrets américains. La Maison-Blanche n'a pas lésiné sur les moyens pour aider son allié, Saddam Hussein, dans cette guerre qui a duré huit ans et qui s'est soldée par la mort de milliers d'Irakiens et la destruction de tout un pays. Si officiellement, le gouvernement américain s'est montré neutre dans ce conflit, il reste que l'armée irakienne, à sa tête Saddam Hussein, a reçu toutes sortes d'armes, même des bombes à fragmentation de la part des Américains. S'engouffrant dans cette alliance tacite, les Américains ont fermé les yeux sur le gazage, en 1988, de 5000 civils du village kurde de Halabja. Le régime de Saddam Hussein avait justifié son acte par le fait que ces milliers de civils auraient été les collaborateurs des Iraniens. Ce qui a été applaudi rapidement par les Américains. Se sentant obligés de défendre leur « principal allié dans la région », les Etats-Unis avaient opéré un forcing diplomatique pour que Saddam Hussein ne soit pas condamné pour ce crime. Poursuivant son entreprise de défense de Saddam Hussein, Washington a même considéré que les Kurdes de Halabja avaient été gazés par les Iraniens. Jusqu'à 1990, les Etats-Unis étaient les protecteurs de Saddam Hussein, accusé d'avoir instauré un régime dictatorial en Irak. A partir de 1990, les relations entre Baghdad et Washington se détériorent. La tension entre les deux Etats a atteint son paroxysme après l'invasion irakienne en août 1990 du Koweït. L'ancien allié s'est vite transformé en pire ennemi, une bête à abattre, un tyran exemplaire. Refusant de retirer ses troupes, Saddam Hussein entraîna son pays dans une guerre destructrice qui a été sanctionné par un embargo de plus de dix ans. Les sanctions contre l'Irak ont pris fin en 2003, après la chute du régime de Saddam Hussein, lequel a été arrêté le 13 décembre 2003, près de sa ville natale de Takrit, à une trentaine de kilomètres au nord de Baghdad.