Développement important et inattendu dans la crise malienne avec cette demande formulée par le président de ce pays auprès de la Cédéao, pour qu'elle intervienne militairement afin de reconquérir le Nord occupé par les islamistes. Contre toute attente, le président par intérim du Mali, Dioncounda Traoré, a “formellement" sollicité mardi une intervention des forces militaires de l'Afrique de l'Ouest pour reconquérir le nord du pays aux mains des islamistes. C'est un responsable français, le représentant spécial de la France pour le Sahel, Jean Felix-Paganon, qui révèle l'information en déclarant : “Cette journée a été marquée par un développement significatif puisque nous venons d'Abidjan où le président Alassane Ouattara nous a informés que le président Traoré a formellement adressé une requête à la Cédéao afin d' apporter une contribution de nature militaire pour la stabilisation du pays et surtout pour la reconquête du Nord." “Il s'agit là d'un développement important dont nous avons examiné avec le président Compaoré les développements possibles", a-t-il ajouté. Ainsi, Paris, qui n'a pas caché son souhait d'une intervention militaire au Mali contre les terroristes, qui occupent le nord de ce pays, a fini par obtenir gain de cause sans s'impliquer directement. Il a suffi que son émissaire entame sa mission dans la région pour que le chef de l'Etat malien cède à la pression et demande à la Cédéao d'agir. D'ailleurs, le Quai d'Orsay n'a pas tardé à applaudir l'initiative de Bamako en affirmant hier que la demande malienne d'une intervention militaire de l'Afrique de l'Ouest pour reconquérir le nord du Mali aux mains des islamistes depuis cinq mois est une “étape indispensable pour envisager un appui international" à ce pays. Le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Philippe Lalliot, qui s'est refusé à tout détail sur ce que pourrait être la contribution française, a souligné que “cette demande des autorités maliennes est une étape indispensable pour envisager l'appui international". Il s'est contenté de dire que la France sera “le moment venu" disposée à “examiner favorablement les demandes de contribution ainsi que les demandes qui pourraient être présentées au Conseil de sécurité des Nations unies". Pour rappel, la Cédéao s'était déclarée prête à envoyer au Mali une force de quelque 3 300 soldats, dont les contours restent flous, mais souhaite obtenir un mandat du Conseil de sécurité des Nations unies et un soutien logistique occidental pour ce déploiement, qui dépendait, en outre, d'une demande officielle des autorités de transition maliennes. Celles-ci avaient refusé l'envoi de troupes étrangères sur le territoire malien, avant de changer subitement d'avis. Ceci étant, la situation a changé sur le terrain avec la prise sans combat le 1er septembre de la ville stratégique de Douentza par le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), un des groupes islamistes extrémistes armés contrôlant depuis cinq mois le vaste Nord. Kidal, Gao et Tombouctou, les trois régions administratives composant le nord du Mali, sont tombées il y a cinq mois aux mains du Mujao et d'autres groupes armés, dont des rebelles touareg et jihadistes liés à Al-Qaïda. Les islamistes ont ensuite évincé leurs ex-alliés touareg et contrôlent désormais totalement le Nord. En tournée dans le Sahel, Jean Felix-Paganon, qui doit se rendre également à Niamey, Dakar et Nouakchott, a souligné la “disponibilité" de la France à “contribuer aux efforts des Maliens eux-mêmes" et à soutenir “diplomatiquement" les efforts de la Cédéao au niveau du Conseil de sécurité. En d'autres termes, Paris se garde toujours de s'impliquer directement dans ce conflit malien, mais en tire les ficelles. M.T