La demande malienne d'une intervention de troupes ouest-africaines, annoncée par un diplomate français mais non confirmée officiellement à Bamako, est perçue par des Maliens et la France comme un pas important vers la lutte contre les islamistes occupant le nord du Mali. Le Front uni pour la défense de la République et de la démocratie, coalition d'une quarantaine de partis politiques anti-putsch, s'est «réjoui de cette décision. (...) Nous pensons qu'il faut vite faire pour libérer le nord du pays», a déclaré hier Iba Ndiaye, un de ses responsables. A Paris, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Philippe Lalliot a estimé mercredi que «cette demande des autorités maliennes est une étape indispensable pour envisager l'appui international». La France sera, «le moment venu», disposée à «examiner favorablement les demandes de contribution ainsi que les demandes qui pourraient être présentées au Conseil de sécurité» de l'ONU, a-t-il ajouté. Mardi soir, le représentant spécial de la France pour le Sahel, Jean Felix-Paganon, avait annoncé à Ouagadougou que le président malien de transition Dioncounda Traoré avait requis «formellement» une intervention dans son pays des troupes de la Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao). «Le président Alassane Ouattara» de Côte d'Ivoire, président en exercice de la Cédéao, «nous a informé que le président Traoré a formellement adressé une requête à la Cédéao pour apporter une contribution de nature militaire pour la stabilisation du pays et surtout à la reconquête du Nord», avait déclaré M.Felix-Paganon à Ouagadougou. Jusqu'en milieu de journée hier, cette annonce n'avait été confirmée par aucune source officielle à Bamako. Elle intervient quelques jours après la prise sans combats, le 1er septembre, de la ville de Douentza (région de Mopti, centre), par un des groupes jihadistes occupant depuis cinq mois le vaste Nord. Selon un responsable malien, le secrétaire général de la présidence malienne, Baba Berthé, s'est rendu mardi à Abidjan, pour remettre un message du président Dioncounda Traoré à son homologue Alassane Ouattara. Aucune précision n'a pu être obtenue sur la teneur de ce message. La Cédéao prépare depuis plusieurs mois le déploiement au Mali de quelque 3.300 soldats, une force dont les contours demeurent flous. Elle avait précisé attendre une demande formelle de Bamako et un mandat du Conseil de sécurité de l'ONU. Les autorités maliennes avaient déjà prévenu que cette force régionale ne s'occuperait pas de la sécurité des institutions à Bamako, et évoqué un «partage de rôles» concernant «la reconquête du Nord». «Ce sont les troupes maliennes d'abord qui seront présentes. Personne ne fera cette guerre à la place du Mali, mais les autres viendront en appui, surtout en aviation, en logistique», avait affirmé le patron de l'armée malienne, le colonel-major Ibrahima Dembélé le 14 août à Bamako, après une réunion avec des chefs militaires de la Cédéao.