Jeudi dernier, et pour la quatrième semaine consécutive, le souk hebdomadaire de la ville de Collo ne s'est pas tenu dans la cité préinsulaire. La tenue de souk Lakhmis, comme aiment les Colliotes appeler leur rendez- vous hebdomadaire, est hypothéquée depuis que les habitants des cités Boussekine, Boulakhsaim et Boudelioua ont décidé, il y a un mois, de l'interdire après l'échec de leurs maintes doléances. “Il a fallu aller à la protesta pour que les autorités locales reviennent à la raison et interdisent la tenue d'une telle manifestation au milieu de quatre cités d'HLM", nous explique Salim, un riverain du souk. Tout a commencé à la fin des années 1990 quand les autorités locales, et une fois une partie du front de mer Bechikhi reçue, décidèrent de délocaliser, chaque été, ledit souk qui y avait élu domicile depuis les années 1960. Pour elles, le souk est devenu une plaie à cacher du regard des estivants. Une approche qui n'avait pas le consentement de la population. Pour cette dernière, le souk hebdomadaire de Collo fait partie de l'âme de la ville, et au lieu de le cacher, il fallait juste mieux le gérer. En transférant le souk d'un espace aussi dégagé que l'axe front de mer Bechikhi- stade Saouli-avenue Rouibah vers les cités-dortoirs de la nouvelle zone urbaine, ce sont quatre cités populeuses qui deviendront, chaque jeudi, de grands dépotoirs avec les problèmes d'insécurité et d'hygiène. à cela s'ajoutent les désagréments causés par l'activité d'un des souks les plus connus de la région nord-constantinoise. La veille, mercredi dès 16h, les camions et fourgons des livreurs commencent à affluer vers ces cités les transformant en mégacamping démuni des commodités de circonstance. Même les cages d'escalier des HLM sont squattées et utilisées comme blocs sanitaires. Au même moment, il est impossible aux riverains de dormir à cause du vacarme. De jour, jeudi matin, en plus des ruelles de ces cités, c'est toute l'avenue de la Palestine qui est obstruée par les étals. à ce propos, la population locale a toujours dénoncé le silence de certains services censés anticiper et veiller à la sécurité du citoyen et des biens. En effet, pour accéder aux urgences de l'hôpital de la ville, le plus important de tout le massif, il faut attendre jusqu'à la levée du souk, jeudi après-midi. Même les casernes des pompiers et de la gendarmerie ainsi que la prison sont isolées d'une partie de la ville durant la tenue du souk. Il y a quelques années, à cause des retards des secours, un citoyen a perdu la vie. Il y a un mois, le même scénario a failli se reproduite avec une parturiente. Mais ni la vie des simples citoyens ni la sensible question de la sécurité nationale n'ont poussé les instances concernées à bouger, poussant les citoyens à se prendre en charge. M.K