Les habitants des cités Boussekine, Boudelioua et Boulekhessaim de la ville de Collo s'insurgent contre le mépris affiché des élus locaux. Ces derniers sont accusés par les habitants de ces ex-HLM, à 4 et 5 étages, de ne pas prendre en considération leur cadre de vie dans la gestion des choses de la cité. Plus précis, les services de l'APC viennent, comme lors de chaque saison estivale, de délocaliser le marché hebdomadaire de son ancien site, situé au boulevard Front-de-mer, vers ces cités dortoirs. Au niveau de ces dernières, il n'y a pas un périmètre, proprement dit, réservé au souk qui se tient tous les jeudis. Les commerçants occupent tous les espaces libres au milieu des immeubles des quatre quartiers, déjà eux-mêmes non aménagés. Pour Salah, un des locataires, “un souk organisé, et dont la commune tire plus de 5 millions de dinars de recettes, doit avoir au moins un accès et une sortie et sa superficie limitée et quantifiée. Or, ce n'est pas le cas. Pis, aucun sanitaire n'est disponible dans les lieux qui ne sont que des cités dortoirs”. Laxisme et irresponsabilité Un médecin, habitant les lieux, ne va pas par quatre chemins pour accuser les occupants de l'hôtel de ville de laxisme et d'irresponsabilité. “La partie la plus peuplée de la ville est transformée en souk, dans tous les sens du terme, sans penser aux évacuations en urgence des malades et au cas d'un éventuel sinistre”, peste-t-il. Il se demande si les services de la Protection civile ont donné leur accord pour la tenue d'une telle activité et si une enquête commando-incommode a été effectuée. Fatima, une autre locataire, rejoint la liste des contestataires. Pour cette retraitée, “il est impossible de sortir le jeudi de chez nous. À tout moment, vous rencontrez quelqu'un en train de faire ses besoins dans les cages d'escaliers. Toute la nuit de mercredi à jeudi, les commerçants arrivent avec leurs camions et fourgons pour installer leurs stands et y passer la nuit. Imaginez le vacarme. On a transmis nos doléances aux responsables les années passées, mais les mêmes bêtises sont reproduites comme si c'est la même personne qui gère la ville indépendamment des mandats”. Le marché hebdomadaire de Collo est devenu un véritable problème parce que, selon nos différents interlocuteurs, rien ne justifie la mesure de sa délocalisation. Economiquement, le nouveau site, perdu entre 3 cités dortoirs, n'a rien de porteur au point où le particulier qui exploite le souk, lui-même, se plaint des effets financièrement négatifs de la décision de la commune. Ecologiquement, le front de mer, aéré de nature et loin des habitations collectives, offre de meilleures conditions pour une hygiène des lieux. Enfin, touristiquement, car la décision est motivée par les aléas de la saison estivale, la délocalisation du souk est un non-sens et reflète l'idée simpliste qu'ont les élus locaux du tourisme. En effet, le président de l'APC et son staff croient que la tenue du souk sur le front de mer fréquenté par les estivants gêne ces derniers. Or, dans toutes les destinations du monde, le souk est l'un des éléments importants de l'offre touristique. On rapproche au maximum le souk traditionnel des touristes. Pour les responsables de l'APC de Collo, la décision s'inscrit dans le cadre de la préparation de la saison estivale. Toujours, selon ces mêmes responsables, une commission souveraine a procédé au choix du site après une sortie sur le terrain. Autrefois, le souk se tenait les vendredis. On l'appelait souk El Leben. Les villageois effectuaient un véritable pèlerinage à Collo et toute l'activité économique de la ville s'emballait. Car, le jour du souk toute la ville s'anime et ce sont les commerces permanents qui en profitent avant les ambulants. Pour donner une note culturelle et artistique à l'événement, Bouguera et son ami, un duo aveugle, racontait, au rythme du violon et du bendir, les histoires de Diouan Essalihin. Mourad KEZZAR