Le déficit budgétaire de l'Algérie s'est établi à plus de 1 300 milliards de dinars au premier semestre 2012, un chiffre confirmant davantage sa baisse par rapport aux prévisions prévues par le gouvernement sur un an. “Sur les six premiers mois de 2012, le Trésor public a enregistré un solde global déficitaire de -1 303,1 milliards de dinars, selon des chiffres publiés par le ministère des Finances sur son site Internet", rapporte avant-hier l'APS. Pour 2012, rappelle l'agence, le gouvernement avait anticipé dans sa loi de finances complémentaire un déficit public de 4 116 milliards de dinars, aggravé par la dépense de fonctionnement qui devrait s'accroître de 317 milliards de dinars. Ce déficit projeté représente un ratio de 28% par rapport au produit intérieur brut (PIB), selon des prévisions de la loi de finances complémentaire de 2012. Selon un document de l'ex-ministère de la Prospective et des Statistiques, au cours du 1er trimestre 2012, la situation des finances publiques fait ressortir un déficit budgétaire de 547,3 milliards de dinars contre un excédent de 54,5 milliards de dinars au premier trimestre 2011. “La situation des finances publiques se situe à des niveaux préoccupants sous l'effet, notamment, de l'expansion des dépenses courantes de fonctionnement qui ont enregistré une forte hausse (+59,2% au 1er trimestre 2012 comparativement au 1er trimestre 2011), réduisant substantiellement leur couverture par les seules recettes non pétrolières", lit-on dans le document. En dépit du déficit budgétaire ainsi généré pour la 3e année consécutive, l'Algérie dispose de marges de manœuvre confortables pour en assurer le financement, au-delà de ses réserves de changes estimées à plus de 200 milliards de dollars, couvrant plus de 3 ans d'importations. Notre pays peut recourir au Fonds de régulation des recettes dont l'objectif vise précisément à faire face aux fluctuations des prix des hydrocarbures, en plus d'une épargne des ménages consistante. Les statistiques du ministère des Finances indiquent que, pour la même période, le Fonds de régulation de recettes, alimenté par l'excédent de la fiscalité pétrolière a vu ses avoirs augmenter de 666,7 milliards de dinars. À fin 2011, ses disponibilités s'établissaient à 5 381,7 milliards de dinars, soit l'équivalent de 70,8 milliards de dollars et 37% du PIB. La fiscalité pétrolière recouvrée durant cette période a atteint 2 185,7 milliards, dont 1 519 milliards de dinars, ont été versés au budget de l'Etat. La fiscalité ordinaire, représentant l'ensemble de recettes fiscales de l'Etat hors hydrocarbures, a atteint 1 050,8 milliards de dinars. Le total des recouvrements de ces deux fiscalités porte les recettes budgétaires de l'Etat à 2 569,8 milliards de dinars à fin juin 2012, alors que les dépenses budgétaires enregistrées durant cette période étaient de l'ordre de 3 875 milliards de dinars. Pour toute l'année 2012, l'Exécutif a prévu des dépenses budgétaires de 7 745,5 milliards de dinars. Par ailleurs, ces dernières années, les déficits budgétaires réels sont moins importants que ceux projetés par le gouvernement dans ses lois de finances en raison d'une absorption au-dessus de la moyenne des crédits alloués au budget de l'Etat. Les plans de relance affichent des dépenses publiques tellement colossales et des listes de projets tellement fournies qu'en aucun cas les dépenses effectivement réalisées durant l'année budgétaire n'atteignent, difficilement, le tiers des dépenses affichées dans le budget. En 2011, 34,2% seulement des ressources financières inscrites au titre du budget d'équipement ont été consommées dans le budget. Les déficits budgétaires affichés sont donc théoriques. Les problèmes économiques de l'Algérie sont autrement plus lourds et plus cruciaux que la simple mise sous contrôle du déficit budgétaire même si la stabilité économique et financière reste un objectif à ne jamais perdre de vue. Cela ne signifie pas qu'il faut poursuivre sur ce rythme de dépenses publiques, ni que le déficit budgétaire doit continuer à être la voie royale du financement de l'économie. La relance par la demande doit laisser place à une politique de l'offre. L'entreprise doit être au cœur des politiques économiques. M.R