Territoire de 266 000 km2, s'étendant entre la Mauritanie au Sud, le Maroc au Nord et l'Algérie à l'Est, la Seguia el-Hamra et le Rio de Oro sont devenus, depuis le retrait de l'Espagne en 1975, le problème majeur du Maghreb arabe. Celui-ci a fait voler en éclat le rêve des peuples de la région de s'unir, tant les points communs les liant sont nombreux. Les visées expansionnistes de feu Hassan II, lesquelles avaient temporairement déteint sur le président de la Mauritanie de l'époque, Mokhtar Ould Daddah, ont failli même mettre le feu aux poudres entre ces deux pays et l'Algérie qui soutient le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui. Le retrait de la Mauritanie en août 1979 à la suite de graves problèmes internes liés à l'occupation de la partie sud du Sahara occidental, est exploité par Rabat qui ne manqua pas d'étendre sa mainmise sur la totalité du territoire. Depuis, le Maroc fait cavalier seul et refuse toute solution remettant en cause sa souveraineté sur le Sahara occidental. Le Maroc campe plus que jamais sur ses positions et accuse l'Algérie d'être à l'origine de tous les blocages en l'empêchant de s'approprier le Sahara occidental. Les tentatives de l'Organisation des Nations unies et l'Organisation de l'Unité africaine, de régler pacifiquement le conflit sont toutes vouées à l'échec. Hassan II rejette toute idée de négociations avec le Front Polisario. La décision de mettre au frigo ce dossier, fit renaître pendant quelques années l'espoir d'une entente entre les dirigeants du Maghreb. Le 17 février 1989, les chefs d'Etat des cinq pays concernés se réunissent et signent la naissance “sur papier” de l'Union du Maghreb arabe par le traité de Marrakech. L'idée est concrétisée le 10 juin de la même année par le sommet de Zéralda (Algérie). Ce n'était qu'une illusion. Il a suffit que l'on rentre dans les détails de la concrétisation de l'UMA pour que les vieilles querelles resurgissent. C'en était fini du rêve utopique. L'Organisation est paralysée depuis 1994. Aucun sommet ne s'est tenu depuis. Vingt-huit ans après l'apparition du conflit du Sahara occidental en 1975, on en est au même point en dépit des nombreuses tentatives de médiation de la Tunisie et de la Libye. Ainsi, alors que les entités régionales et continentales se multiplient à travers le monde par nécessité de l'heure, le Maghreb est resté au stade des intentions. La dernière réunion des 5+5, regroupant dernièrement à Tunis cinq pays de la rive nord européenne (Espagne, Portugal, France, Italie et Malte) et les cinq pays de la rive sud (Algérie, Tunisie, Maroc, Libye et Mauritanie) a confirmé l'impossibilité de voir les Maghrébins surmonter leurs différends, pour pouvoir prétendre à une meilleure coopération avec l'Europe dans l'intérêt de leurs peuples. Le conflit du Sahara occidental refait surface, réduisant à néant tout effort d'intégration maghrébine, élément jugé essentiel par la partie européenne pour parvenir à un accord. Economiquement, culturellement et socialement proche de l'Europe, le Maghreb qui constitue un enjeu géostratégique majeur pour l'Ancien Continent avec ses 80 000 000 de consommateurs potentiels et ses ressources énergétiques considérables, ne peut tirer profit de ses atouts pour l'instant. Toute la région est ainsi privée des nombreux avantages qu'offre un accord de partenariat avec l'Union Européenne, à cause de ce différend du Sahara occidental. K. A.