Enseignants et parents d'élèves du lycée de Dergana ont fait le pied de grue devant la Direction de l'éducation (DE) d'Alger-Est pour protester contre la surcharge des classes, l'insécurité et le manque d'encadrement administratif. Ce lycée n'est qu'un exemple parmi tant d'autres, qui ont du mal à commencer les cours dans des salles archicombles. Le secteur de l'éducation nationale est en pleine ébullition. Situation somme tout attendue au vu des conditions lamentables dans lesquelles la rentrée scolaire 2012-2013 a eu lieu. Les bombes à retardement léguées par l'ancien responsable du secteur ne pouvaient qu'exploser à un moment ou un autre. Conscient de cette situation, Abdelatif Baba Ahmed a tenté d'éloigner le spectre de la paralysie de son secteur en se disant ouvert au dialogue et en réclamant un peu de temps pour pouvoir étudier les dossiers chauds en suspens. Si les syndicats des enseignants ont accepté d'accorder un sursis au nouveau ministre, d'autres syndicats et corps de l'éducation s'impatientent et ont décidé de passer à l'action. Et comme il fallait s'y attendre, la surcharge des classes, qui ne cesse de faire couler beaucoup d'encre, a été à l'origine d'une nouvelle tension dans des établissements scolaires. L'ampleur du problème, qui n'a épargné aucune wilaya, même si les déclarations officielles font état de 10 wilayas seulement qui en souffrent le plus, est telle que des enseignants ont décidé de violer les directives et autres instructions de leur syndicat. Le va-et-vient des parents d'élèves, réclamant eux aussi des dispositions pour que leurs enfants suivent leurs cours dans des salles moins chargées, n'a fait qu'envenimer davantage la situation. La colère des enseignants et des parents d'élèves ne se limite plus aux portes des lycées, devenues par la force des choses le site de toutes les lamentations et autres turbulences. Les Directions de l'éducation sont désormais interpellées. En effet, ne sachant plus à quel saint se vouer pour se faire entendre et changer leurs conditions de travail “désastreuses", les enseignants du lycée de Dergana, près d'une centaine, et de nombreux parents d'élèves ont décidé d'aller frapper aux portes de la direction dont dépend leur établissement. Hier matin, ces enseignants et parents n'ont pas pris le chemin du lycée, mais celui de la Direction de l'éducation d'Alger-Est où ils ont tenu un sit-in pendant toute la journée. Une décision spontanée, prise la veille. “C'est une action décidée par les enseignants, loin des syndicats car c'est notre ultime recours. Nous réclamons des solutions aux nombreux problèmes auxquels nous faisons face depuis des années", confie la représentante des enseignants. Et d'expliquer que les enseignants ne peuvent plus accomplir leur mission dans des conditions aussi “pénibles". “Nous faisons face au problème de surcharge des classes, du manque de salles, d'encadrement administratif et d'insécurité. Nous avons entre 45 et 50 élèves par classe. Nous ne les connaissons même pas. Plusieurs d'entre eux n'ont pas pu s'inscrire, mais ils viennent au lycée, et nous ne pouvons rien faire." Selon notre interlocutrice, sur les 1 750 lycéens que compte l'établissement, moins de la moitié seulement a pu accomplir son inscription en raison du manque de places pédagogiques. “Il était question d'ouvrir une annexe, mais rien n'a été fait. Il y a des classes qui n'ont même pas eu droit à une salle de cours. C'est ce qu'on appelle des classes tournantes. Elles ont cours quand une salle vide est disponible, sinon elles attendent." Ne pouvons plus travailler dans de telles conditions, les enseignants ont décidé de boycotter les cours jusqu'à ce que les problèmes cités soient réglés. Il est à craindre que cette contestation ne fasse tache d'huile car la surcharge n'a épargné aucun établissement. M B