Le ministre de l'Intérieur français a rendu public son projet de loi antiterroriste visant les Français partant s'entraîner au djihad, notamment en Afghanistan et au Pakistan. Six mois après les tueries de Mohamed Merah, un Français dont le père est algérien, et dont l'affaire n'a livré ni ses dessous ni ses aboutissants, le texte sera sur le bureau de l'Assemblée nationale française début octobre. “À travers internet, à travers des déplacements dans des pays comme l'Afghanistan ou le Pakistan, il y a des jeunes dans nos propres quartiers qui peuvent être touchés par cette idéologie de la haine", avait auparavant mis en garde le ministre de l'Intérieur Manuel Valls, renommé le “Sarko de la gauche" pour sa vision sécuritaire et liberticide. Ce texte permettra de juger en France, à leur retour, les Français qui se livrent à des actes de terrorisme à l'étranger ou qui vont à l'étranger, notamment dans la fameuse zone grise à cheval entre l'Afghanistan et le Pakistan, pour se former au terrorisme dans des camps d'entraînement d'Al-Qaïda, dans le but de revenir en France quand ils ne s'emploient pas sur des scènes actives du djihadisme. En fait, la plupart d'entre eux, des Français d'origine musulmane et des Français de souche convertis à l'islam, reviennent chez eux pour propager le salafisme violent et alimenter les cellules dormantes du terrorisme. Même si l'incrimination d'association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste offre une grande latitude de poursuites, certains “passaient entre les mailles du filet", explique-t-on dans les milieux français proches de ce dossier du terrorisme qui font état de “dizaines" de Français entraînés au djihad. S'ils y semblent aujourd'hui moins nombreux, les services de renseignement français estiment que plusieurs dizaines de Français se sont rendus dans les zones tribales frontalières entre l'Afghanistan et le Pakistan à l'école du djihad. Ce fut notamment le cas du “tueur au scooter", Mohamed Merah, qui les 11, 15 et 19 mars à Toulouse et Montauban, au nom d'Al-Qaïda, avait abattu trois parachutistes puis trois enfants et un père dans une école juive. Les services de renseignement étaient au courant de ses voyages, il avait même été débriefé en novembre 2011 à l'antenne toulousaine de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) à son retour du Pakistan. Mais le ministre de l'Intérieur de l'époque Claude Guéant avait expliqué que rien de délictuel ne pouvait a priori lui être reproché avant ses crimes. “En France, on ne défère pas à la justice des gens pour des intentions, pour des idées salafistes. On ne peut arrêter les gens que pour des faits", avait argumenté le monsieur flic de Nicolas Sarkozy. Dans la foulée des tueries de Toulouse et Montauban, le prédécesseur de François Hollande avait d'ailleurs préparé un texte au contenu similaire qui prévoyait également la possibilité de poursuivre toute personne qui consultera de manière habituelle, et sans motif légitime, des sites internet incitant au terrorisme ou en faisant l'apologie. Les policiers ont d'ores et déjà applaudi la nouvelle loi Valls qui va leur permettre d'agir. Aujourd'hui, aller dans les camps d'Afghanistan et du Pakistan n'est pas un délit en soi. L'objectif de cette loi est d'améliorer le renseignement sur les groupes radicaux proches des djihadistes et son autre aspect concerne la surveillance dans un cadre administratif des données de connexion (internet, géo localisation, factures détaillées de téléphone). L'émigration et ses enfants seront écoutés. D. B.