La polémique enfle en France après de nouvelles révélations sur l'affaire Merah. Deux journalistes de l'hebdomadaire l'Express ont enquêté sur les tueries du mois de mars à Toulouse et Montauban, et particulièrement sur la manière dont la police et les services de renseignement français ont géré cette affaire. Dans le livre Affaire Merah : l'enquête, à paraître le 14 juin, ils mettent en avant les nombreuses zones d'ombre de l'affaire. Pourquoi Mohamed Merah, qui était surveillé, n'a-t-il pas été arrêté avant de commettre les sept assassinats ? Comment, au vu des moyens déployés, l'assaut final contre son appartement a-t-il pu se passer aussi mal ? De 2006 à 2010, Mohamed Merah est fiché au terrorisme, sous surveillance constante. Pourtant, depuis deux ans, la vigilance était, semble-t-il, retombée. En novembre 2011, Merah est interrogé par les services de renseignement à son retour du Pakistan. Les enquêteurs ne voient rien venir et le jeune Toulousain peut continuer tranquillement à élaborer ses projets. Les interrogations sont également nombreuses sur la promenade de plusieurs heures effectuée par Merah hors de son appartement alors qu'il était assiégé, juste avant l'assaut du RAID. Autre fait troublant, les enquêteurs ont retrouvé dans le scooter du tueur la carte de visite d'un garde du corps de Nicolas Sarkozy. L'intéressé, qui travaille depuis vingt ans au Groupe de sécurité de la présidence de la République, affirme «tomber des nues» et rappelle que lui et ses collègues distribuent très souvent leurs cartes de visite lors de déplacements. Aucune conclusion ne peut être tirée à ce stade, mais il n'en faut pas plus pour raviver l'idée d'un complot. Le nouveau ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a demandé un rapport. Afin d'enquêter sur les failles des services, les magistrats en charge du dossier Merah ont demandé la levée du secret-défense sur les notes de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI). En attendant, on en sait un peu plus sur l'intervention du RAID et sur les échanges entre Merah et les policiers. Un officier a noté les déclarations les plus marquantes du jeune retranché : «J'en ai pas tué assez» ; «Je soutiens Al Qaîda» ; «Je me suis engagé à intégrer les groupes de combat» ; «Je suis allé au Pakistan cet été» ; «J'ai décidé de taper la France» ; «Je suis allé en Algérie, Irak, Syrie», et enfin «Je suis le messager d'Allah, j'ai combattu pour Allah».