L'attaque contre l'ambassade américaine provoque des impacts négatifs, aussi bien sur le plan diplomatique que celui de l'intérieur. Sur le plan diplomatique, les Etats-Unis ont rapatrié 128 de leurs ressortissants. Alors que sur le plan intérieur, la polémique concernant le dispositif de sécurité devant l'ambassade et la question du maintien ou non du ministre de l'Intérieur, divisent Ennahda, le parti au pouvoir. Le ministre de l'Intérieur, Ali Larayedh, est accusé de ne pas avoir été à la hauteur des débordements de vendredi. Le vice-président d'Ennahda, Abdelhamid Jelassi, a renouvelé, lundi, au nom du parti, sa confiance envers le ministre de l'Intérieur Ali Larayedh. “Peut-être il y a des responsables à écarter s'il y a des défaillances mais je porte toujours, et mon parti aussi, mon soutien au ministre de l'Intérieur", a-t-il déclaré. De son côté, Tijani Dahmane, président de la commission des finances pour Ennahda, estime qu'avec plus de précautions, “on n'arriverait pas à ce point là". Et d'enchaîner : “Dans tous les pays du monde, les responsables qui se respectent doivent réfléchir. Donc, il faut qu'il y ait une commission qui doit déterminer quels sont les tenants et les aboutissants de l'affaire et de conclure ce qu'il faut faire". Tandis que Latifa Habachi, rapporteur de la commission justice et députée d'Ennahda, demande quant à elle des explications au ministre de l'Intérieur. “Il serait intéressant de l'inviter à notre Assemblée et de l'interroger. On ne peut pas demander sa démission sans comprendre réellement ce qui s'est passé, pour déterminer les responsabilités justement", a-t-elle dit. Il faut dire que le parti Ennahda n'a quasiment jamais étalé ses divisions au point d'envisager la démission de l'un de ses ministres. Les membres du parti sont en discorde concernant la stratégie à adopter face aux éléments salafistes violents. La direction d'Ennahda estime que le tout répressif risque de faire des martyrs et de radicaliser les membres d'Ansar El-Charia. D'autres réclament la stricte application de la loi. En d'autres termes, des interpellations. Selon Washington, les autorités tunisiennes ont clairement failli à leurs obligations, l'ambassadeur américain Jacob Walles l'a clairement dit au ministre tunisien des Affaires étrangères Rafik Abdessalem. Des membres du gouvernement et d'Ennahda, le parti islamiste au pouvoir, regrettent une décision “disproportionnée". Taxé de complaisance avec les salafistes depuis plusieurs mois – et ce n'est pas faux – Rached Ghannouchi le patron du parti islamiste a sur la chaîne i.Télé condamné les violences mais dit comprendre la colère face au film islamophobe : “C'est un acte condamnable selon la loi et selon la charia. Selon la loi, les missions diplomatiques sont sous la protection de la loi de la société et de l'Etat. Et la charia protège les ambassadeurs. Je m'oppose à ce qu'ont fait les manifestants en France comme en Tunisie. Je suis pour la liberté de manifester pacifiquement. Et je comprends qu'ils sont atteints dans leur cœur comme moi. Mais s'ils basculent dans la violence, la violence est condamnable." Les opposants à Ennahda jugent, en revanche, le parti au pouvoir responsable de la situation. C'est le cas de Nejib Chebbi, député du parti républicain, un parti d'opposition. I. O.