En annonçant le maintien des bureaux spéciaux, le ministre de l'Intérieur court-circuite les amendements du parti de Djaballah. Le débat sur le maintien ou la suppression des bureaux spéciaux, une des questions au cœur même du débat politique, vient d'être tranchée de façon pour le moins péremptoire par Yazid Zerhouni. Lors de son passage, hier, à l'émission Tahaoulate, il a démenti la possibilité de voir ces bureaux très spéciaux supprimés, à l'occasion de la prochaine présidentielle. L'argument du ministre de l'Intérieur est que cette suppression pouvait avoir un impact négatif sur la participation, en ce sens que, explique-t-il, “beaucoup de ses éléments (anp) s'abstiendraient de voter, sans compter la difficulté de voter par procuration”. Au-delà de la recevabilité ou non des arguments mis en avant, l'annonce de Zerhouni est une gifle assénée à l'Assemblée, qu'il se fait pourtant fort de défendre. Cette dernière s'apprête, en effet, à voter, samedi prochain, les amendements de la loi électorale, qui portent précisément sur la suppression du vote des corps constitués. La commission des affaires juridiques et administratives ayant, quant à elle, tranché en faveur des amendements présentés par les députés du MRN, et ce, appuyé par les autres formations siégeant au sein de cette même commission. La question qui se pose, après l'annonce de Zerhouni, est de se demander à quoi servira désormais le débat parlementaire, quelque part frappé de caducité. En fait, la position de Yazid Zerhouni sur cette question, qui est un gros enjeu, est passée d'une chose à son contraire. On se souvient qu'au moment où le problème a été soulevé pour la première fois, il avait déclaré que son département n'était pas opposé au changement de la loi électorale “à la condition de consulter les responsables du ministère de la Défense nationale”. Des propos qui ont d'ailleurs valu à Zerhouni une sévère mise en garde de la part de la grande muette via son porte-parole qui s'était exprimé dans les colonnes du confrère El-Khabar. Plus tard, il abondera dans le même sens en assurant tout de même que “le gouvernement accueillera favorablement la décision de l'Assemblée, que ce soit la suppression ou le maintien”. Mais force est de constater que Yazid Zerhouni n'a pas attendu la décision de l'Assemblée pour trancher la question. À y regarder de près, il n'y a pas lieu d'être surpris par la décision du ministère de l'Intérieur qui ne pouvait raisonnablement prendre le risque de supprimer les bureaux spéciaux qui représentent un gisement de voix non négligeable, susceptible de peser en faveur de son poulain, Bouteflika en l'occurrence. Ainsi donc, la prochaine élection présidentielle sera régie par l'ancienne loi électorale. Quant à celle qui est actuellement en débat à l'Assemblée, elle a tout le temps de faire son bonhomme de chemin qui la conduira au Sénat puis au Conseil constitutionnel. Quant à son application, c'est probablement pour une autre consultation que la présidentielle d'avril prochain. N. S.