Le ministre de l'Intérieur a voulu répondre aux propos de Hocine Aït Ahmed et Chérif Belkacem. L'élection présidentielle aura bien lieu en avril 2004. C'est le ministre de l'intérieur et des collectivités locales, Norredine Yazid Zerhouni qui l'a affirmé, hier, à la radio Chaîne I. Invité de l'émission Tahaoulet, le ministre de l'Intérieur a, en effet, récusé toute idée de report de l'échéance présidentielle, martelant qu'elle “aura lieu dans les délais prévus par la loi”. Cette annonce du ministre chargé de la préparation de la prochaine élection intervient au moment où un certain nombre de voix se sont élevées pour revendiquer son report. À l'exemple du président du front des forces socialistes (FFS), Hocine Aït Ahmed, qui a souhaité, récemment, dans un entretien paru dans El Watan et El Khabar que la présidentielle à venir soit repoussée jusqu'en décembre 2004. La même revendication a été aussi affichée, lundi dernier, par Chérif Belkacem, l'ex-membre du Conseil national de la Révolution algérienne (CNRA), selon qui, une période de transition est nécessaire avant la tenue de ce scrutin. Le ministre, qui assure que “l'administration sera neutre, travaillera dans la transparence, l'honnêteté et que toutes les mesures matérielles et organisationnelles ont été prises pour le bon déroulement du prochain scrutin”, n'a répondu à aucune exigence exprimée par la classe politique garantissant la transparence du rendez-vous d'avril 2004. À commencer par la suppression des bureaux spéciaux. Contre toute attente, en effet, le ministre de l'Intérieur annonce le maintien des bureaux spéciaux, au moment même où un débat sur cette question a lieu à l'Assemblée populaire nationale (APN). L'argument, au demeurant peu convaincant, avancé par Zerhouni est “l'impossibilité de supprimer ces bureaux au regard des répercussions négatives au plan de la réduction du nombre d'électeurs et que ces bureaux étaient sous surveillance”. Pourtant, l'ensemble des groupes parlementaires de l'APN se sont accordés à souligner l'impérative suppression des bureaux spéciaux, comme une des conditions de transparence de la prochaine élection. La revendication du départ de l'actuel gouvernement Ouyahia, comme condition essentielle de transparence de l'élection a été également occultée par Zerhouni. Cela au moment où des partis prenant part à l'élection, à l'image du Front de libération nationale (FLN), du Mouvement de la réforme nationale (MRN) et du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) ont exigé le départ du gouvernement qu'ils qualifient d'“état-major de la fraude” et de “staff de campagne pour le président-candidat”, surtout après que Ouyahia eut déclaré le soutien du RND à un second mandat du président Bouteflika. Tout comme le ministre de l'Intérieur, par ailleurs fervent défenseur de l'actuel locataire d'El-Mouradia, a ignoré la revendication de la présence d'observateurs étrangers devant superviser la prochaine élection. Pour Zerhouni, c'est aux partis que revient la surveillance du vote : “Il y a la mise sous surveillance générale et globale des représentants des partis des bureaux de vote”, ajoutant que “ces surveillants endosseront la responsabilité de tout acte de fraude.” Evoquant, en outre, les bureaux itinérants, le ministre de l'intérieur a souligné “la possibilité d'enregistrer un taux d'abstention élevé”, en raison, dit-il, de la diminution du nombre de ces bureaux qui sont passés de 5 600 en 1997 à 500 en 2000. Répondant par ailleurs, à une question du journaliste de la radio Chaîne I, Zerhouni a souligné les efforts déployés pour mettre à jour les listes d'électeurs inscrits en prenant en considération les cas de décès et les changements de lieu de résidence ou les déménagements à l'étranger. Répondant à une question sur la possibilité de lever l'état d'urgence pour le bon déroulement de la prochaine élection présidentielle, le ministre de l'Intérieur a précisé que “le gouvernement n'a pris aucune décision sur la base de l'état d'urgence depuis deux ans”. Abordant la crise de Kabylie, il a souligné l'initiative du gouvernement qui a invité le mouvement des archs au dialogue, ajoutant que “la majorité écrasante de la population de la région est contre la violence et pour les solutions raisonnables”. N. M.