Le protocole d'accord signé le 26 septembre dernier, au siège de l'entreprise à Alger, ayant confirmé de la plus élémentaire des manières le retour aux affaires mouloudéennes de Naftal, il reste désormais à concrétiser ce premier pas symbolique par l'acquisition officielle de la majorité des actions de la SSPA-MCO par le leader national de la distribution des produits pétroliers. Cela devrait s'effectuer en deux opérations dont la première coûtera à Naftal seulement 7,5 milliards de centimes pour devenir actionnaire majoritaire, à hauteur de 75%, dans le capital social de la société sportive par actions Mouloudia club oranais. Le capital de la SSPA-MCO n'étant que de vingt-cinq millions de dinars (2,5 milliards de centimes), Naftal compte investir d'emblée trois fois ce montant, autrement dit soixante-quinze millions de dinars (7,5 milliards de centimes) pour que le même capital s'élève à hauteur de cent millions de dinars dont la filiale de la société pétrolière Sonatrach détiendrait les trois quarts, soit 75% des actions. Pour ce faire, la procédure réglementaire l'oblige à attendre que le conseil d'administration de la SSPA-MCO se réunisse pour établir et signer le procès-verbal, confirmant ce qui est notifié dans le protocole d'accord signé, et officialiser, ainsi, l'augmentation du capital social du club avec l'avènement de Naftal et ses 7,5 milliards de centimes. Le document devant être déposé chez le notaire avec, comme pièce jointe, le fameux chèque contenant cette somme, Naftal attendra ensuite la publication officielle des nouveaux statuts de la société sportive par actions pour devenir, concrètement, le nouveau propriétaire du Mouloudia d'Oran. Ceci pour ce qui est de la première étape. La seconde n'interviendra qu'après l'évaluation des biens immobiliers et matériels du CSA-MCO afin de les intégrer de nouveau dans le capital social de la SSPA. Après, il incombera à Naftal de “participer" encore une fois à l'augmentation du même capital en investissant une autre somme à même de redevenir actionnaire majoritaire à hauteur de 75%. Entre 7,5 et 90 milliards pour détenir les 75% Et c'est justement là, la pomme de discorde qui pourrait ralentir le projet de la société pétrolière, dans la mesure où au moment où certains membres de la famille mouloudéenne estiment à dix milliards de centimes les biens immobiliers du Mouloudia, dont le principal est le siège administratif et historique du club, sis au boulevard Abbane Ramdane (ex-boulevard des Chasseurs) en plein centre-ville d'Oran, le président Youssef Djebbari évoque le montant d'au moins trente milliards. Et s'il est vrai que Naftal aura la possibilité, via son conseil d'administration, d'approuver le montant qui lui sera communiqué incessamment et d'effectuer ensuite les démarches y afférentes pour continuer à demeurer actionnaire à hauteur de 75% en investissant encore la somme calculée sur la base du nouveau capital de la société après l'intégration des biens immobiliers et matériels du club sportif amateur ainsi que les dettes que le futur actionnaire majoritaire s'engagera à échelonner, il est tout aussi vrai que la filiale de Sonatrach aura également la légitime possibilité de procéder et de recourir à une contre-expertise pour réévaluer le patrimoine matériel mouloudéen. Pour illustration, si le patrimoine immobilier du MCO est estimé à dix milliards de centimes, son intégration dans le capital social de la SSPA fera du Mouloudia de nouveau l'actionnaire principal avec 12,5 milliards de centimes contre les 7,5 milliards de la société pétrolière. Cela obligera Naftal à contribuer, comme seconde tranche, avec le triple de ces dix milliards, autrement dit trente milliards de centimes, pour redevenir actionnaire majoritaire à hauteur de 75% (37,5 des 50 milliards que compteraient le capital). Et au cas où ce même patrimoine immobilier serait estimé à trente milliards de centimes, Naftal se verrait alors contrainte à injecter le triple, soit quatre-vingt-dix milliards de centimes, pour détenir les 75% d'un capital qui atteindrait, dès lors, les 130 milliards de centimes (32,5 milliards du MCO et 97,5 milliards de centimes de Naftal). Quant à la constitution du futur conseil d'administration d'un MCO revenu dans le giron de Sonatrach, il est certain que son P-DG, son directeur d'administration et des finances (DAF) et son comptable seront issus de Naftal, alors que le reste des postes, notamment celui du directeur sportif qui fait saliver bon nombre d'actuels responsables et figures connues de la famille des Rouge et Blanc, seront l'apanage de dirigeants mouloudéens connus, mais plébiscités par le futur actionnaire majoritaire qu'est Naftal. Ceci pour le fond. Pour la forme, le conseil d'administration de la SSPA-MCO, tel que redessiné après la destitution de Youssef Djebbari de son poste de P-DG, a programmé de se réunir aujourd'hui pour établir le PV qui ouvrira, d'une manière effective, les portes à Naftal. Naftal divise sans régner De son côté, Youssef Djebbari qui a gardé son poste de président du CSA a convoqué l'assemblée générale du MCO pour après-demain afin de contre-attaquer et tenter de mettre un maximum de pression sur les responsables de Naftal, en exigeant soit l'acceptation des chiffres avancés par ses pairs de l'AG, soit le retrait du CSA des négociations et du rachat par la filiale de Sonatrach. On avance même que Djebbari est prêt à aller jusqu'à proposer aux membres de l'AG de retirer tout bonnement le logo et l'appellation MCO de la SSPA au cas où ses conditions relatives à la valeur marchande du patrimoine immobilier du Mouloudia ne seraient pas acceptées par Naftal. Les scénarii les plus improbables seraient, dans ce cas, envisageables comme le changement du nom de la SSPA-MCO en SSPA-MPO, sans que le CSA ne soit inclus, ou encore la séparation définitive entre la SSPA-MCO version Naftal qui continuera à évoluer parmi l'élite et le CSA-MCO présidé par Djebbari, qui pourrait alors être de nouveau tenté de s'engager en compétition officielle, mais pas en Ligue 1 comme le stipulent les règlements du professionnalisme tels que instaurés en Algérie depuis maintenant trois ans, mais plutôt en district, dans le championnat de wilaya. Un véritable imbroglio, en somme, qui vient obscurcir davantage un ciel mouloudéen déjà bien assombri avec cette bicéphalie née de la division qu'a connu le conseil d'administration de la SSPA-MCO, avec un P-DG déchu (Youssef Djebbari) qui continue tout de même à subvenir aux besoins quotidiens de l'équipe professionnelle, et des actionnaires et membres du CA (Larbi Abdelilah et Hassan Kalaïdji) qui ont gelé les avoirs du club sans pour autant se montrer en public, faire face aux difficultés actuelles ou répondre favorablement aux doléances des joueurs. Le P-DG de Naftal lui-même, Saïd Akrèche en l'occurrence, ne semble d'ailleurs pas vraiment maîtriser ou connaître grand-chose au tellement complexe contexte mouloudéen vu qu'il a entamé les pourparlers avec Youssef Djebbari avant de signer le protocole d'accord avec ses deux opposants dans une démarche aux antipodes de ce que réclame le professionnalisme proprement dit ! À l'annonce du rachat du Mouloudia d'Oran par la société-mère qu'est Sonatrach, tout le peuple du MCO s'était enthousiasmé et pensait, peut-être hâtivement et naïvement, que l'avènement de Naftal allait mettre fin à cette situation rocambolesque. Mais voilà qu'à l'heure des démarches officielles, les premières cartes abattues donnent beaucoup plus l'impression d'un poker menteur et particulièrement bluffeur que d'un investissement rédempteur et bienfaiteur... R. B.