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Le fondateur de “Médiapart" a animé, hier, une conférence à l'institut français d'Alger Plenel ou comment “porter la plume dans la plaie" à l'heure des nouveaux médias
Edwy Plenel estime que l'avènement des nouveaux médias induit “une métamorphose formidable" qui, comme toute révolution, est aussi “un champ de bataille". Mais elle doit aboutir à “une transformation démocratique". La salle des conférences du l'Institut français d'Alger s'est avérée trop exiguë pour contenir la foule des étudiants, des journalistes et des citoyens de divers horizons, venus en nombre, hier, pour découvrir, pour certains, et redécouvrir pour d'autres, le génie du journaliste “rebelle", le Français Edwy Plenel, le temps d'une conférence-débat intitulée : “Vérités sur le journalisme d'investigation à l'heure des nouveaux médias". Les nouveaux médias ce sont, bien entendu, les médias à l'ère d'Internet, dont l'irruption est qualifiée par le fondateur de Médiapart, journal électronique français, de “troisième révolution industrielle". Après une brève rétrospective sur les fondamentaux du métier de journaliste, Plenel estime que le monde traverse une période charnière, marquée par l'ébranlement de nos sociétés, où les médias doivent tirer leur épingle du jeu, en accompagnant positivement tout changement. De l'avis d'Edwy Plenel, le média moderne diffusé via Internet présente trois grandes potentialités qu'il faut néanmoins savoir exploiter à bon escient. Il s'agit premièrement, dit-il, de supports médiatiques sans frontière, donc qui permettent une distillation horizontale de l'information. Autrement dit, avec Internet, l'information est désormais diffusée plus largement à travers les quatre coins de la planète. Le deuxième avantage des médias modernes, selon M. Plenel, est lié au surgissement des amateurs (sur la Toile), devant les professionnels, lesquels, dit-il, veulent comme “s'emparer de leurs libertés". Le journaliste estime que cela doit davantage stimuler les professionnels et les pousser à faire des efforts supplémentaires pour apporter plus de vérités sur des faits à travers des reportages, des enquêtes et des analyses pertinentes. Edwy Plenel voit en le journalisme “l'université populaire sur le présent". Une véritable déclaration d'amour au métier qu'il exerce avec une grande conviction. La troisième et dernière potentialité des médias en ligne, ajoute le conférencier, a rapport au “lien hypertexte" que le journaliste peut exploiter pour constituer son background, en mettant en relation toutes les informations qui déferlent sur la Toile. Et comme toutes les révolutions, note Edwy Plenel, la présente “(troisième) révolution industrielle" est un champ de bataille certes, mais c'est aussi une “métamorphose formidable". Pour celui qui juge que “nous sommes les seuls responsables de nos libertés, et que tout dépend de nous", c'est aussi une étape qui peut, sinon qui doit aboutir à “une transformation démocratique". Car, tout comme les nouveaux médias sans frontières, M. Plenel juge que l'aspiration démocratique n'a pas de patrie. “Et seule cette aspiration démocratique peut basculer le monde entier", enchaîne-t-il, tout en insistant sur le rôle des médias dans l'accompagnement de cette transformation. M. Plenel ne manquera pas de rappeler que le droit de savoir et le devoir d'informer “n'est pas un droit du journaliste mais celui des citoyens". C'est ce qu'il appelle “une exigence formidable à tout journaliste professionnel, dont le métier doit avant tout se baser sur la révélation des vérités de fait, et non pas forcément de vérités d'opinion". “Il faut savoir mesurer les vertus des vérités de fait par rapport aux opinions folles (...). Dans le journalisme, il faut être capable de révéler des informations qui nous dérangent nous-mêmes", conseille-t-il, rappelant au passage une célèbre boutade d'Albert Londres : “Notre métier n'est pas de faire plaisir ni de faire du tort, mais de porter la plume dans la plaie." F A