Le président de l'association “À nous les écrans" et responsable des Journées cinématographiques d'Alger revient dans cet entretien sur les moments forts des JCA (du 14 au 19 octobre à la Cinémathèque algérienne), et sur l'évolution du concours national du scénario lancé il y a quelques semaines. Liberté : Aujourd'hui s'ouvre la troisième édition des Journées cinématographiques d'Alger (JCA). Le programme est dense, et les films qui y seront projetés relèvent de plusieurs thèmes et sujets d'actualité. Qu'est-ce qui a présidé le choix de cette programmation ? Salim Aggar : En fait, notre choix était toujours de favoriser les œuvres inédites qui n'ont jamais été diffusées en Algérie. Mis à part quelques courts métrages, 80% des films sélectionnés sont projetés pour la première fois à Alger, et même en Algérie. La sélection a été faite via le site des JCA. Nous avons lancé un appel à participation, ce qui nous a permis de recevoir des films de réalisateurs qui n'ont jamais mis les pieds en Algérie. Le film allemand Foreign a été envoyé par la production, juste après la deuxième édition. Cela prouve que ce festival algérien est connu hors nos frontières. À côté de cela, une sélection a été faite par moi, lors des mes déplacements dans les festivals internationaux comme à Cannes, ou encore par notre amie et partenaire Lama Tayara, qui a réussi à sélectionner de très bons films arabes. Concernant les thèmes, deux sujets étaient importants à mettre dans ce programme, la révolution algérienne à travers le film Fidai, le seul documentaire sur la révolution déjà prêt et qui a été sélectionné dans plusieurs festivals, dont celui de Toronto, tout récemment. Et bien sûr la révolution arabe, puisque plusieurs documentaires tunisiens, égyptiens et même un documentaire algérien seront présentés lors de ces JCA. À côté de cela, il y a des thèmes d'actualité, qui reviennent à chaque fois comme la place des Arabes et des Berbères dans le monde. Les JCA, c'est surtout une grande réflexion sur les relations entre le Nord et le Sud. Quels sont les moments forts de cette édition ? Le moment fort de cette édition sera bien sûr le film d'ouverture avec le dernier film de Bouchareb, qui nous fait honneur d'ouvrir cette édition. Les films de soirée sont également très importants, comme le film de Nadia Zouaoui Post 11, ou encore le film allemand Foreign de Mirriam Fassbinder qui nous plonge dans la réalité du parcours difficile d'un immigré clandestin malien. Il y a aussi la journée du court métrage algérien qui sera à coup sûr l'une des attractions la plus importantes des JCA. Nous avons et nous allons toujours encourager le court métrage algérien, là où il se trouve, c'est d'ailleurs avec une grande satisfaction que nous avons vu la participation d'une douzaine de courts d'une grande qualité artistique et avec des styles différents. Nos jeunes réalisateurs verront également les films des autres, avec la participation de courts métrages tunisiens et marocains de grande facture. Vous faites la part belle au documentaire. Un format que vous affectionnez particulièrement... Aujourd'hui, le documentaire est considéré plus comme un film de fiction que comme un reportage. Les docs sont aujourd'hui fabriqués comme des superproductions de fiction. Les documentaires sont devenus même les vedettes de certains festivals, et nous ne faisons que coller à la mode cinématographique. Des docs comme “Fidai", d'Ounoughi, “Mercedes" du Libanais Hady Zakkad, ou “Foreign" de Fassbinder ont fait Toronto, Cannes ou Berlin. Il est donc tout à fait normal qu'on leur fasse la part belle. À côté de cela, nous avons plus de quatre documentaires produits par Al-Jazeera Documentaire – qui est en train de faire un travail colossal sur les docs fictions – qui seront présentés aux JCA. Enfin, l'une des raisons principales de la programmation des docs aux JCA relève du fait qu'il y a une compétition internationale, ce qui encourage la forte participation. Vous avez lancé, il y a quelques semaines, en préambule aux rencontres, le concours national du scénario. Comment a été la participation cette année ? Nous avons reçu cette année beaucoup de scénarios. Plus de 70 textes, et la plupart sont des courts métrages. Nous avons même reçu des textes venus de France, d'Egypte et du Maroc, malgré que ce soit un concours national, ce qui démontre que notre concours national a eu un écho favorable au-delà de nos frontières. Comme chaque année, il y a la compétition du meilleur court métrage et du documentaire. Ne pensez-vous pas élargir les sections ? Pour la prochaine édition, nous allons élargir la compétition à la fiction long métrage. Ce qui signifie qu'il faut augmenter le budget des JCA et surtout essayer de convaincre nos partenaires de nous suivre. Notre seule condition c'est qu'un ou deux films algériens soit en compétition. Je ne peux faire une compétition nationale s'il n'y a pas de film algérien. C'est avant tout pour défendre le cinéma algérien qu'on a créé les JCA, pas pour faire du tourisme culturel. De toute façon, notre ambition, c'est de faire des Journées cinématographiques d'Alger un rendez-vous incontournable du cinéma international dans la région, et on marchera à petits pas sur les traces de Carthage et de Marrakech.