Recruté pour redonner vie à une sélection nationale qui retombait maladroitement dans ses revers, Vahid Halilhodzic a assurément rempli une partie du contrat pour les besoins duquel l'expérimenté Mohamed Raouraoua est allé le chercher. Certains trouveront toujours à redire, mais les faits, têtus, sont là : incapable de se qualifier à la Coupe d'Afrique des Nations 2012, conjointement organisée par le Gabon et la Guinée équatoriale, en dépit de son flatteur statut de mondialiste, l'Algérie est de nouveau remise sur selle avec l'avènement de ce coach précédé d'une sulfureuse réputation, aux méthodes peu orthodoxes mais tellement efficaces, au franc-parler saisissant et dénué de la si usuelle langue de bois. Force est, d'ailleurs, de constater que c'est principalement son discours et sa méthode qui ont permis à l'EN de grimper à cette si symbolique vingt-quatrième place mondiale, la meilleure de son histoire, et de faire de nouveau partie du gotha continental appelé à animer la phase finale de la plus grande et plus importante compétition africaine. Arrivée à la tête d'une EN brinquebalante et qui avait perdu l'essentiel du capital sympathie de son étourdissant et passionné public, Vahid Halilhodzic en a refait une machine à gagner qui a composté, presque sans difficulté notable, son billet pour la prochaine édition de la CAN prévue en Afrique du Sud l'hiver prochain. Comparativement aux voisins et rivaux marocain et égyptien, les supporters algériens peuvent, eux, être véritablement fiers du parcours de leur EN durant ces éliminatoires. Car si la FAF a fait appel à Vahid Halilhodzic pour redonner âme à sa vitrine la plus exposée qu'est l'équipe A, la Fédération égyptienne et son alter ego chérifienne ont fait plus fort, médiatiquement parlant, en s'attachant les services de l'Américain Bob Bradley et du Belge Eric Gerets pour coacher, respectivement, Pharaons et Lions de l'Atlas. Vahid fait mieux que Bradley et Gerets À l'arrivée, seul Halilhodzic a réussi le challenge de qualifier “sa" sélection à la prochaine Coupe d'Afrique des Nations alors que l'Egypte de Bradley et le Maroc de Gerets ont été ridiculisés, humiliés même si les Marocains ont fini par passer lors du dernier match contre le Zimbabwe après le limogeage du technicien belge. En un langage plus clair, Vahid Halilhodzic a parfaitement réussi son plan d'action, atteignant le premier des objectifs majeurs que lui avait assignés la FAF lors de la signature du fameux contrat à objectifs définis d'avance et mentionnés noir sur blanc, à savoir emmener l'Algérie en Afrique du Sud. Avec sept victoires ( Libye - Algérie 0-1, le 9 septembre à Casablanca au 3e tour aller des éliminatoires de la CAN-2013, Algérie - Gambie 4-1, le 15 juin 2012 à Blida au 2e tour préliminaire de la CAN-2013, Algérie - Rwanda 4-0 le 2 juin 2012 à Blida en éliminatoires du Mondial 2014, Gambie-Algérie 1-2 le 29 février 2012 à Banjul au 2e tour préliminaire de la CAN-2013, Algérie - République centrafricaine 2-0, le 9 octobre 2011 à Alger en éliminatoires de la CAN-2012 en matches officiels et Algérie - Niger 3-0 le 26 mai 2012 à Blida et Algérie - Tunisie 1-0, le 12 novembre 2011 toujours à Blida en amical), contre un match nul peu après sa prise en main (le 3 septembre 2011 à Dar Es-Salam en éliminatoire de la CAN-2012 face à la Tanzanie 1-1) et une seule défaite, face au Mali 2-1, le 10 juin 2012 à Ouagadougou en éliminatoires du Mondial 2014, les Verts, version Vahid Halilhodzic, ont fait un véritable bon en avant et ont, surtout, marqué les esprits et affiché, précocement, leurs velléités de faire sensation lors du prochain rendez-vous continental. Il reste désormais au Bosnien de remplir la deuxième partie de ce contrat l'hiver prochain en faisant au moins tout aussi bien que lors de la dernière participation à une Coupe d'Afrique des Nations, à savoir atteindre les demi-finales de l'épreuve, exactement comme l'ont fait les Verts sous la coupe de Rabah Saâdane en 2010, en Angola. La révolution du vestiaire Ce retour de flamme, confirmé empiriquement avec 19 buts marqués en neuf rencontres pour seulement 5 encaissés, ferait d'ailleurs de l'EN version Vahid Halilhodzic un parfait épouvantail lors de la CAN-2013 avec, assurément, un meilleur coup à jouer que lors de la vingtaine angolaise, voilà maintenant presque trois ans. Mais plus que les résultats sur le terrain de la vérité, c'est forcément la révolution opérée au sein d'un vestiaire des Verts réputé difficile à gérer qui a permis à Halilhodzic d'assurer un premier succès majeur (qualification à la CAN) en attendant de plus grandes réussites. En déboulonnant certains cadres qui se croyaient intouchables, comme il l'avait lui-même affirmé à France football, il a recouvré une partie de l'autorité perdue sous le règne contesté de ses prédécesseurs. En faisant confiance au joueur local qu'il convoque régulièrement pour des stages de travail intensif et de mise à niveau, Coach Vahid a redonné espoir aux joueurs du championnat et ranimé en eux l'ambition de gagner les galons d'international. Aussi, en recadrant, sans prendre de gants, certains éléments dont les égos surdimensionnés commençaient sérieusement à mettre à mal l'ambiance au sein de sa troupe, le driver national a-t-il lancé un message clair à ces “professionnels du melon", les invitant dare-dare à réapprendre les ABC en matière d'humilité et de vie de groupe. Dès lors, si une pause-bilan s'imposait après cette première moitié de chemin, elle serait forcément positive et à l'avantage de Vahid Halilhodzic qui donnerait, à son tour, raison à la Fédération algérienne de football et à son président Mohamed Raouraoua pour son choix aussi judicieux que stratégique. Avec une qualification à la CAN en poche, une équipe de nouveau conquérante et une rédemption publique atteinte, le Bosnien a tenu son rang et justifié ses émoluments. Il lui restera, certes, beaucoup de chemin à parcourir et autant de pain sur la planche pour faire un joli 100% (qualification à la CAN-2013 au cours de laquelle il devra atteindre les demi-finales, qualification au Mondial 2013 avec obligation de passer au second tour), mais au rythme où éclosent et fleurissent les bourgeons de sa semence, ces objectifs passent volontiers pour des ambitions légitimes que pour des rêves (de) fous. Et là, ce ne sera certainement pas France football et son taquin discours dès lors qu'il s'agisse de sujet estampillé DZ qui formulera le contraire. Surtout que contrairement à ce que prêchait “la Bible du Football", à l'impossible nul n'est tenu... A RETENIR : 9 septembre à Casablanca (CAN-2013 - 3e tour aller) Libye - Algérie 0-1 But : Hilal Soudani (88') 15 juin 2012 à Blida (CAN-2013 - 2e tour préliminaire) Algérie - Gambie 4-1 Buts : Kadir (1'), Slimani (6' et 49'), Soudani (66') 10 juin 2012 à Ouagadougou (éliminatoires Mondial 2014) Mali - Algérie 2-1 But : Islam Slimani (7') 2 juin 2012 à Blida (éliminatoires Mondial 2014) Algérie - Rwanda 4-0 Buts : Feghouli (26'), Soudani (32', 82'), Slimani (80') 26 mai 2012 à Blida (amical) Algérie - Niger 3-0 Buts : W. N'Goulou (csc, 34'), Djebbour (38'), Soudani (83') 29 février 2012 à Banjul (Gambie) - CAN-2013 (2e tour préliminaire) Gambie - Algérie 1-2 Buts : Antar Yahia (54') et Feghouli (57') 12 novembre 2011 à Blida (amical) Algérie - Tunisie 1-0 But : Boudebouz (42') 9 octobre 2011 à Alger (élimin.CAN-2012) Algérie - République centrafricaine 2-0 Buts : Yebda (2'), Kadir (29') 3 septembre 2011 à Dar Es-Salam (élimin.CAN-2012) Tanzanie - Algérie 1-1 But : Hameur Bouazza (56') R. B.