D'entrée de jeu, Mohand Akli Haddadou précise dans son étude qu'il est important de faire une distinction entre littérature écrite en berbère et littérature produite par les Berbères. La première, en dépit des centaines de recueils de textes et des dizaines d'études qui lui sont consacrée est mal connue du public. La deuxième est le fait de Berbères qui ont écrit dans d'autres langues. C'est paradoxalement par la seconde que le monde connaîtra la société berbère. En effet l'auteur note que “si la littérature orale des Berbères est d'une grande richesse, c'est leur littérature écrite qui a fait leur célébrité et à fourni au monde des noms prestigieux : Terence, Apulée, Augustin, pour la période antique, Ibn Rachiq, Ibn Battouta pour la période médiévale, Amrouche, Mammeri, Kateb, Khair-Eddine pour la période moderne... Ces écrivains ont écrit en latin (certains d'entre eux en punique, la langue de Carthage), d'autres en arabe, d'autres encore en français... langues d'occupants mais pour la plupart des auteurs, simple instrument de communication dans lequel s'est épanoui le génie berbère...". Mais le paradoxe est encore plus prononcé. Ce sont les œuvres produites par les Berbères dans des langues étrangères qui sont inscrites aujourd'hui au “patrimoine universel" et non celles écrites dans la langue naturelle. Cette caractéristique exogène relevée par Mohand Akli est partagée par la plupart des intervenants du domaine. Pour Mouloud Mammeri comme pour Jean Lmouhoub Amrouche, elle ne constitue pas pour autant une quelconque défaveur. Ils la perçoivent plutôt comme une véritable et utile ouverture sur le monde. L'étude réalisée par Mohand Akli Haddadou pour le compte du Haut commissariat à l'amazighité se veut un canevas qui propose plusieurs pistes et genres littéraires. Elle est présentée et structurée sur 291 chapitres solidaires et complémentaires les uns des autres dans l'explication qu'ils donnent du parcours évolutif et sociologique de la littérature berbère. Chaque partie dont les sujets sont puisés du fond commun se reporte à des références bibliographiques assez succinctes mais non moins suffisantes pour présenter et constituer un tableau globalement optimiste que les étudiants universitaires inscrits dans les instituts de langue berbère peuvent largement consulter comme appoint dans leurs différents usages et recherches. A. A. [email protected]