Lancé en 2003, à l'occasion d'une visite historique de Jacques Chirac en Algérie, le Traité d'amitié, auquel même le président Bouteflika semblait attacher une grande importance, devait être conclu en 2005. François Hollande ne sera pas finalement Charles de Gaulle, ni Bouteflika Konrad Adenauer : le “traité d'amitié" entre Paris et Alger, rêvé par l'ex-président Jacques Chirac, à l'image de celui scellé en 1963 avec l'Allemagne, n'aura pas lieu. On lui préfère plutôt un “partenariat stratégique". C'est le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, qui l'a confirmé hier à l'antenne d'Europe 1 et i-Télé. “Nos amis algériens ne souhaitent pas qu'on rentre dans ce type d'instrument juridique. Ils veulent un partenariat stratégique avec nous et c'est aussi notre approche." Alors que Kader Arif, ministre délégué aux Anciens combattants, d'origine algérienne, disait “espérer", dans un entretien au Journal du dimanche, que le traité franco-algérien “portera le nom de traité d'amitié", Laurent Fabius, lui, dit penser que “ce concept ne sera pas retenu". Lancé en 2003, à l'occasion d'une visite historique de Jacques Chirac en Algérie, le traité d'amitié, auquel même le président Bouteflika semblait attacher une grande importance, devait être conclu en 2005. Mais l'adoption de la loi par l'Assemblée française glorifiant le colonialisme, bien qu'une des dispositions y afférentes, source de polémique, ait été abrogée depuis, est venu grenouiller le projet. Après cet échec, Nicolas Sarkozy, arrivé au pouvoir en 2007, le met sous le boisseau. Dans une lettre aux anciens pieds-noirs du Comité de liaison des associations de rapatriés (Clan-R) révélée alors par le quotidien Le Monde, M. Sarkozy écartait toute idée de relance de ce projet. “L'amitié n'a pas besoin d'être gravée dans le marbre d'un traité", avait-il décrété. Pragmatique à souhait, il préférait “le business" aux contingences de l'Histoire. “L'Algérie a d'immenses ressources énergétiques. La France maîtrise les technologies de l'électricité nucléaire. Nous devons trouver les bases d'une coopération équitable", disait-il peu avant un voyage à Alger. Sarkozy écartait aussi l'idée de repentance. “Nous devons aujourd'hui construire ensemble l'avenir sans repentance, sans réécrire notre histoire avec l'Algérie." En juillet 2006, François Hollande, à l'issue d'un entretien de trois heures avec Bouteflika lors d'un séjour à Alger, assurait que le Président algérien est “revenu sur le Traité d'amitié en disant qu'il y attachait de l'importance et du prix et que cela ne pouvait se faire sans que les conditions soient réunies et assainies". “Nous lui avons dit notre disposition, si nous revenions au pouvoir en 2007, pour reprendre sur de nouvelles bases cette démarche de Traité d'amitié. Nous lui avons également dit que cela devait être un rappel de notre histoire commune, mais pas de mortification qui ouvrirait les plaies alors que l'objectif est précisément de les refermer", avait déclaré François Hollande lors d'une conférence de presse en compagnie d'Abdelaziz Belkhadem, SG du FLN. Mais, aujourd'hui au pouvoir, à quelques jours de sa visite très attendue à Alger, François Hollande, non seulement prononce l'oraison funèbre du “Traité d'amitié", mais reprend à son compte les arguments de Sarkozy sur la repentance. “Ce voyage du président Hollande ne donnerait pas lieu à une repentance de la France sur son passé colonial", a affirmé Fabius. “Les Algériens ne souhaitent absolument pas qu'on fasse un voyage tourné vers le passé", a-t-il dit. Il n'est pourtant pas sûr que cela soit l'avis des Algériens... K K