Le principal mis en cause, qualifié de “cerveau du groupe", a cité trois autres individus impliqués, selon lui, dans cette affaire et dont les noms n'ont jamais été évoqués auparavant. Le procès de l'affaire Slimana, tant attendu en Kabylie, s'est ouvert, hier à 10 heures, au tribunal criminel de Tizi Ouzou où les émotions et les craintes d'un procès bâclé ont vite cédé la place à des déclarations, tantôt contradictoires, tantôt fracassantes des premiers mis en cause auditionnés par la juge durant cette première journée. La juge désignée pour ce procès a d'emblée affiché une ténacité remarquable. Intention d'aller au fond de l'affaire ? Tout porte à le croire, mais seule la fin du procès le dira. En tout cas, face à ses rafales de questions, révélant à chaque fois des contradictions dans les déclarations des accusés, ces derniers étaient vite déstabilisés, même s'ils continuaient de nier tous les griefs retenus contre eux. Les quatre mis en cause auditionnés jusqu'en fin de journée, à savoir T. Y., T. B., H. S. et I. S., sont allés jusqu'à renier leurs déclarations devant la Police judiciaire et le juge d'instruction. Parmi ces derniers, c'est H. S., un étudiant en 2e année de magistère, qui avait réussi au concours d'entrée à l'école des officiers de police, qui jettera un pavé dans la mare à travers ses déclarations que certains ont qualifiées de fracassantes tant elles ont levé le voile sur des soupçons nourris par la famille Slimana et la population de la région au sujet d'une éventuelle implication de personnes qui courent toujours les rues. D'autres y voient déjà les premiers rebondissements de l'affaire. En effet, H. S., considéré comme le “cerveau" du groupe, a cité trois noms jamais évoqués auparavant dans cette affaire. À peine cette déclaration faite, un des avocats de la partie civile, en l'occurrence Me Amar Zaïdi, a demandé au juge de prendre acte pour ainsi pouvoir déposer une plainte contre ces individus cités. À la question de savoir pourquoi ces noms n'ont pas été cités ni devant les services de sécurité ni devant le juge d'instruction, l'accusé répondra : “Ils m'ont menacé de liquider physiquement les membres de ma famille." Il est à rappeler que l'affaire Slimana est la première à être jugée parmi les 99 enrôlées pour cette session criminelle d'automne qui s'étalera jusqu'à fin décembre. Les mis en cause, dont 2 sont toujours en fuite et 12 présents depuis hier au box des accusés, devront répondre dans 19 affaires criminelles différentes dont 3 kidnappings. Outre ces mis en cause, 41 victimes ainsi que 11 témoins sont convoqués à ce procès qui s'étalera, selon la juge, sur trois jours. Les mis en cause sont, pour rappel, poursuivis pour huit chefs d'inculpation, à savoir constitution de groupe de malfaiteurs, homicide volontaire avec préméditation, enlèvement à l'effet de demande de rançon, vol qualifié avec utilisation d'armes à feu, commercialisation d'armes et munitions de guerre de la catégorie 4, port d'armes de guerre sans autorisation et blanchiment d'argent de provenance criminelle. Jusqu'en début de soirée, hier, les auditions se poursuivaient toujours. Les accusés qui défilaient à la barre continuaient de nier les faits, et la Kabylie continuait d'épier l'issue de cette affaire qui est celle de toute une région, particulièrement touchée par les enlèvements. S L