Liberté : Comment s'est faite la rencontre avec le président Chadli Bendjedid et l'idée de l'écriture des Mémoires ? Smaïl Ameziane : J'ai eu l'honneur de rencontrer le président Chadli, que Dieu ait son âme, à Alger, il y a un peu moins de quatre ans, et en tant qu'éditeur, je ne pouvais qu'être attentif au fait qu'il envisageait de publier ses Mémoires. Un parcours comme celui de Chadli Bendjedid, moudjahid de la première heure, responsable à un haut niveau de l'armée et ayant exercé la magistrature suprême pendant treize années consécutives, est de ceux qui méritent de prendre place dans la Bibliographie nationale. Nous nous sommes ensuite rapidement mis d'accord pour que le projet se fasse avec Casbah Editions. Le reste n'a été qu'une question de mise en œuvre et de rencontres suivies et régulières avec le président Chadli. Le projet a mis du temps pour aboutir ; à quoi est dû ce retard ? D'aucuns disent, qu'à chaque copie qui lui était présentée, le président apportait des rectificatifs Une entreprise de cette nature exige du temps car il s'agit d'une remontée dans le passé qui doit être menée de façon organisée, méthodique. On n'est pas dans le simple rappel de souvenirs à l'occasion duquel on s'autorise approximations et omissions ; ce sont les mémoires d'une personnalité dont le parcours est balisé de faits, événements, propos qui n'engagent pas sa seule individualité. En conséquence, chaque élément de cet itinéraire long de plusieurs décennies doit faire l'objet du maximum de souci d'exactitude et d'objectivité. Outre une enfance et une prime jeunesse qui se sont déroulées dans le contexte particulier des lendemains du centenaire de la colonisation et de la consolidation du mouvement nationaliste, la vie de Chadli Bendjedid s'est écoulée d'abord dans les rangs de l'ALN et dans une région — la base de l'Est — où se sont succédé des épisodes déterminants de la guerre de Libération nationale, puis au sein de l'ANP, après l'Indépendance, où, du fait de ses responsabilités, Chadli Bendjedid a été associé, de près ou de loin, à des événements d'une extrême importance, mis en présence d'acteurs politiques ayant joué un rôle de premier plan dans l'histoire de notre pays. Tout cela, comme je l'ai dit plus haut, exige d'être relaté avec beaucoup de sérieux et de rigueur. C'est, en effet, de ce genre d'écrits que s'alimente l'œuvre d'écriture de l'histoire de l'Algérie. Voilà qui vous explique ce que vous appelez le retard qu'a mis ce projet pour aboutir, et qui n'en est pas un. Voici également qui répond à la deuxième partie de votre question : un texte de ce genre ne s'écrit pas d'un trait. Il requiert vérification, précision, rectification, etc... La mémoire humaine n'est pas infaillible, et le défunt président Chadli Bendjedid a constamment veillé à s'assurer de la véracité des faits qu'il retrace. Il semblerait que le 2e tome des Mémoires est en préparation ; quand sortirait-il, si ce n'est pas un secret ? Et peut-on connaître le tirage de la première édition ? Le 2e tome est programmé pour le printemps 2013.