Au moment où des milliers de familles sinistrées sont “parquées” dans des chalets et des tentes et subissent la promiscuité, des logements flambant neufs dans la capitale demeurent toujours fermés. Pourquoi attendre 18 mois, voire plus dans certains cas —, énième délai fixé par le président de la République pour le relogement des citoyens dont les habitations sont détruites —, alors que les possibilités de concrétiser cette action existent en ce moment plus que jamais ? Le Conseil national économique et social (CNES), dans son dernier rapport, parle de plus de 1,3 million de logements inoccupés recensés à Alger. Une situation qui n'est aucunement ignorée par le ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme (MHU). En revanche, l'Etat n'a pris aucune décision pour que ces unités soient affectées à des nécessiteux. C'est le cas du programme de 200 logements de Cherarba, dans la commune des Eucalyptus. Toute la cité est, selon les entreprises réalisatrices, fin prête et n'attend que ses occupants. Si les 120 appartements sont habitables et leurs clefs attendent propriétaires, le reste est réalisé à 95 %. L'on se demande dès lors, à qui profite cette appréhension dans le recasement de ces familles qui ouvrent pourtant droit à un appartement décent au lieu d'une cabine saharienne ou d'une tente ? Les 12 sociétés de BTPH privées qui ont signé une convention de réalisation de ce projet avec l'Erca/Batos en décembre 2002 ne sont pas payées à ce jour. Le contrat en question prévoit la prise en charge en fournitures et une pose des travaux de maçonnerie, d'électricité et de plomberie. En termes plus clairs, les 12 entreprises se sont engagées à réaliser ces travaux en sous-traitance avec l'Erca/Batos. Pour manque de paiement, les 12 entreprises sous-traitantes ont décidé de geler leurs travaux sur chantier pendant plus d'un mois. Ce qui a empêché le parachèvement définitif du programme et provoqué un glissement dans la réalisation estimée à plus de trois mois. Le projet lancé en 2000 d'un montant d'investissement de 19 milliards de centimes est, pour rappel financé entièrement sous forme de dons par le Fonds arabe pour le développement économique et social (FADES). Les sous-traitants devaient être payés à la réception du projet, c'est-à-dire à la fin du mois de janvier 2003. Les enveloppes financières que l'Erca/Batos leur doit varient entre 300 et 400 millions de centimes. Cependant le retard accusé pour débloquer l'argent nécessaire par le FADES, explique une source sûre, a entraîné le non-paiement des sous-traitants. Ce n'est pas l'avis des entreprises sous-traitantes qui affirment que les fonds existent bel et bien. Contactée, la société Erca/Batos infirme ces informations. Selon une source de la firme publique, cette dernière entreprise, qui a signé un contrat avec l'OPGI de Dar El Beida pour l'édification des 200 logements, est victime des lenteurs dans la réception de l'argent. Des travaux supplémentaires, avoue la même source, ont été préfinancés par l'Erca/Batos elle-même.“Désormais, le problème est réglé. Tous les sous-traitants sont payés il y a déjà une dizaine de jours”, soulignera notre source. Reste à savoir si les entreprises plaignantes ont effectivement reçu leur argent. B. K.