Le Premier ministre fait montre de détermination en annonçant la guerre qu'il s'apprête à livrer à la bureaucratie. Il ne badine pas avec les mots, même s'il n'ignore pas que ce chantier risque de ressembler à un combat à la David contre Goliath. Car, après tout, l'important est de passer à l'acte. L'administration, mémoire de tout Etat civilisé, a succombé sous les coups de boutoir d'une bureaucratie bête et parasitaire. Telle une sangsue, elle s'est incrustée dans tous les rouages de l'Etat et telle une pieuvre, elle a fini par les paralyser. Si bien que l'administration, hier fière de son statut qui la met au service de l'intérêt général et de la mission de service public qui est la sienne, n'est plus aujourd'hui qu'un bois mort, impossible à régénérer. Avec le temps, elle a fini par perdre son lustre d'antan pour ne devenir, surtout au sein des structures de proximité, qu'un réceptacle du mécontentement des laissés-pour-compte, mais aussi de recrues sur le compte de l'action sociale. Les administrations locales, comme les mairies, constituent un exemple édifiant. Pour reprendre le ministre de l'Intérieur, le pays est aux mains des appariteurs qui ont fini, pour cause d'absentéisme, d'avoir la haute main sur tous les services. Pourtant, une réforme de ce secteur névralgique a été lancée par le Président à l'époque de ses ouvertures de grands chantiers, à l'instar de ceux de la justice et de l'école. Quid de ce rapport si toutefois il a été remis ? La situation est devenue si kafkaïenne qu'elle est entrée dans la part de souffrance de l'Algérien quand il va en quête d'un simple papier administratif qui nécessite “une brouette d'autres papiers" (l'expression est du Premier ministre), avec une perte de temps qui se chiffre au bas mot à une journée minimum d'absence de son poste de travail. Le hic est quand le document recherché est immuable à vie, comme l'extrait de naissance ou l'acte de décès qu'il faut renouveler tous les six mois comme si on pouvait naître ou mourir plusieurs fois. Cet anachronisme ne fait plus sourire et c'est ce qui est grave. Alors, sus à la bureaucratie et à toutes ces sangsues insatiables qui sont, pour une grande part, responsables du stress du citoyen, rien qu'à l'idée de penser qu'il aura à les affronter. O.A [email protected] http://www.liberte-algerie.com/editorial/guerre-aux-sangsues-187463