Le nouveau Premier ministre aura du pain sur la planche si réellement on le laissait remettre de l'ordre dans la maison Algérie. Comme Héraclès, il sera obligé de faire preuve de courage et d'audace pour relever le défi et concrétiser sur le terrain son plan d'action présenté hier aux élus nationaux. Si l'horizon 2014, trop proche pour une telle entreprise, accentue d'autant l'urgence à décrisper le moral du citoyen au plus bas, le cabinet Sellal, engagé dans un tel challenge, n'a d'autre choix que celui d'être un gouvernement de combat et de terrain et de faire preuve de cohésion et de discipline. Chose non aisée, à moins que chacun se débarrasse de sa paroisse politique et idéologique. Une question : le Premier ministre aura-t-il les coudées franches pour aller jusqu'au bout de ses annonces ? Comme lutter contre cette véritable gangrène qu'est la corruption ? Abolir le marché informel, qui a obligé des dizaines d'entreprises publiques et privées à mettre la clé sous le paillasson, et démanteler les réseaux de squatteurs des rues et des trottoirs seraient salutaires, mais l'équipe osera-t-elle s'attaquer à la tête de la pieuvre ? Le prédécesseur de Sellal, pourtant dur à cuire et connu pour son intransigeance, avait annoncé publiquement, et à la surprise générale, que son équipe avait échoué devant l'influence des groupes mafieux sur les décisions politiques. Entre détermination sincère et urgence à décrisper une situation au fil du couteau, le Premier ministre a fort à faire, en si peu de temps, pour mener à terme le programme pharaonique du Président dont tous se revendiquent. Le discours du Premier ministre se structure en quatre axes : bonne gouvernance, service public, relance économique, moralisation de la vie publique. Des objectifs et peu de chiffres car généralement ces derniers, avancés par fournées par les départements ministériels, sont irréalistes et irréels. Arriver à réconcilier les Algériens avec ceux qui décident pour eux, améliorer leur cadre de vie, donner un statut à chaque profession, en un mot construire un Etat fort, mais aussi juste et équitable : tout un programme, et c'est ce que promet Sellal. Trop, pourrait-on dire. Mais surtout, trop tard, peut-être, après tant d'années d'inertie. Car 2014, c'est demain. A O [email protected]