Au-delà de l'assurance des personnes, c'est tout le secteur qui doit faire sa mue. La progression du chiffre d'affaires global du marché national des assurances n'a pas permis l'amélioration des indicateurs qui restent loin de refléter le potentiel existant. L'Union algérienne des sociétés d'assurance et de réassurance (UAR) veut booster les assurances des personnes qui, aujourd'hui, peinent à décoller. C'est, du moins, ce qui ressort de la conférence de presse organisée, hier, à l'hôtel El-Aurassi, à Alger, au cours de laquelle les nouvelles compagnies d'assurances de personnes ont présenté les produits qu'elles commercialisent actuellement. Le potentiel en matière d'assurance des personnes est jugé très important et certains analystes l'estiment à plusieurs milliards de dollars. Cependant, l'entrée en vigueur, en juillet 2011, des nouvelles dispositions réglementaires induisant l'obligation de séparation entre les branches “dommage" et “vie" n'a pas stimulé, comme attendu, la croissance de cette activité. Selon la dernière note de conjoncture du Conseil national des assurances (CNA), le chiffre d'affaires réalisé par les sociétés d'assurance au 30 juin 2012, en assurance de personnes, est estimé à 2,5 milliards de dinars, contre 4 milliards de dinars à la même période de 2011, soit une baisse de 36,3%, conséquence d'un cumul des évolutions négatives enregistrées au premier trimestre 2012 (- 47%) et au deuxième trimestre de la même année (- 24%). Hormis la garantie “assistance en cours de déplacement" qui marque une évolution de 85%, les autres garanties connaissent des régressions. “Les sociétés d'assurance de personnes sont en phase de parachèvement de leur organisation", a indiqué le président de l'UAR, Amara Latrous, évoquant “de bonnes perspectives de croissance en 2012". Optimiste, M. Latrous prévoit une année 2013 “encore meilleure". Pour l'instant, les compagnies concentrent toute leur attention sur les produits de prévoyance. Le directeur général de Caarama Assurance, Mokhtar Nouari, filiale assurance des personnes de la Caar, indique que “l'offre la plus importante aujourd'hui dans le marché des assurances des personnes est la prévoyance collective". Mais M. Mokhtar Nouari cite également, entre autres, les offres assistance individuelle accident, assistance en cours de voyage à l'étranger... Le DG de Caarama Assurance souligne que l'assurance assistance en cours de voyage à l'étranger ne couvre pas les maladies antérieures à la date d'effet du contrat. La police d'assurance ne couvre que les maladies contractées à l'étranger après la date d'effet du contrat. Au-delà de l'assurance des personnes, c'est tout le secteur qui doit faire sa mue. La progression régulière du chiffre d'affaires global du marché national des assurances n'a pas permis l'amélioration des indicateurs liés à la pénétration et la densité de l'assurance qui restent loin de refléter le potentiel assurable existant. Cette faiblesse des indicateurs de performance introduit une réalité d'un marché qui a besoin de se réformer pour prétendre améliorer ses points faibles que constituent la qualité de service et l'innovation et jouer ainsi pleinement son rôle économique et social. Selon un rapport du ministère des Finances, la prime d'assurance moyenne par habitant (ou densité d'assurance) est passée de 2 197 DA en 2009 à 2 271 DA/habitant en 2010, soit l'équivalant de 31 dollars. Cependant, le taux de pénétration du marché des assurances (production/PIB) demeure inférieur à 1%, il est estimé à 0,7%. La qualité de l'offre a stagné. On retrouve les mêmes produits génériques. La concurrence s'est portée beaucoup plus sur les prix que sur la qualité de services.Les assureurs ont signé dans ce cadre un accord multilatéral relatif à la gestion de la branche automobile, dans lequel ils se sont engagés à limiter les réductions tarifaires accordées aux clients, lorsque des considérations commerciales l'exigent, à un maximum de 50% pour les personnes morales et à un maximum de 30% pour les personnes physiques. Par ailleurs, sous l'impulsion du ministère des Finances, une opération de liquidation des sinistres automobile a été entamée. “Elle a connu des résultats satisfaisants et devrait aboutir d'ici la fin de l'année à une réduction drastique des dossiers en suspens", indique M. Latrous qui est également P-DG de la SAA. Sur plus de 700 000 dossiers, les compagnies d'assurances dommages ont solutionné quelque 407 000 dossiers. Mais l'UAR souhaite que la RC auto (responsabilité civile automobile), qui coûte en moyenne aujourd'hui environ 1 500 DA/an, soit revue à la hausse. Ailleurs, elle est dix fois plus chère. Selon le patron d'Alliance Assurance, toutes les statistiques le prouvent, les sociétés d'assurance encaissent 1 DA de prime et décaissent environ 2,75 DA de sinistres au titre de la garantie RC. M. R.