La branche automobile accuse depuis près d'une décennie des résultats techniques et financiers déficitaires marqués par une poussée préoccupante des accidents de la circulation. Les assurés pourraient payer, une nouvelle fois, plus cher leur assurance automobile. Les structures tarifaires de la branche automobile en vigueur apparaissent comme source de pertes de revenus des assureurs du fait qu'elles ne sont plus compatibles avec l'évolution de la sinistralité tant en termes de fréquence que de densité. Du coup, les assureurs, à travers l'Union des assureurs et des réassureurs (UAR), reviennent à la charge pour demander aux pouvoirs publics une augmentation des tarifs de l'assurance automobile (responsabilité civile obligatoire RC), gravement affectée par la dégradation chronique des résultats techniques et financiers. La branche automobile accuse depuis près d'une décennie des résultats techniques et financiers déficitaires marqués par une poussée préoccupante des accidents de la circulation. “La branche assurance automobile reste déficitaire en raison du grand nombre d'accidents et des dépenses qu'ils engendrent, en dépit d'une augmentation de 20% échelonnée sur deux ans (2008-2009)”, a indiqué hier le président de l'Union algérienne des assurances et réassurances (UAR), M. Amara Latrous, sur les ondes de la radio Chaîne III. Le président de l'UAR, et en même temps P-DG de la SAA, a indiqué que les compagnies d'assurance ont versé 33 milliards de DA à leurs assurés au titre d'indemnités, dont 80% ont servi à indemniser les sinistres matériels et corporels des accidents de la route. Du coup, le P-DG de la SAA, leader dans la branche assurance automobile, estime que “pour un rééquilibrage technique entre les recettes et les dépenses cette assurance obligatoire devrait être augmentée au minimum de 100% pour passer de 1 500 DA actuellement à 3 000 DA”. M. Latrous explique que pour 100 DA de prime reçus, la compagnie d'assurance débourse 270 DA pour sinistre. D'où la nécessité d'une augmentation tarifaire pour aboutir à un équilibrage financier. La prime moyenne de l'assurance obligatoire automobile représente aujourd'hui 15 euros par an. “Il n'y a pas, à ma connaissance, un pays dans le monde où un client paye seulement 15 euros pour l'assurance automobile obligatoire couvrant les risques d'une année”, avait estimé récemment le président de l'UAR. Pour rappel, les pouvoirs publics ont consenti aux compagnies d'assurance une augmentation de 20% de la RC. L'augmentation est néanmoins étalée sur deux ans, à raison de 5% tous les six mois. Les assureurs jugent, aujourd'hui, cette augmentation insuffisante, d'autant que l'augmentation du SNMG du niveau du SNMG va aggraver de 25% le coût de la sinistralité due aux accidents de voiture. Certains estiment que le mal en matière d'assurance automobile n'est pas seulement dans les tarifs, évoquant des foyers de surcoûts. En outre, ils affirment que le déficit de la RC pouvait être compensé par les autres polices d'assurance. Ce que les professionnels refusent d'admettre. Pour autant, les assureurs ont raison de dire que la masse des règlements et des provisions pour sinistres à payer atteint des dimensions au-delà des limites tolérables, incompatibles avec les impératifs d'une stratégie de croissance, de rationalité et de cohérence des systèmes de prise en charge et de gestion du risque automobile et à un moment où la baisse chronique des rendements de leurs placements affecte le niveau des revenus des entreprises. Il faut dire que les tarifs affichés en Algérie apparaissent bien plus faibles que ceux pratiqués en Tunisie et au Maroc. Pour autant comparaison n'est pas raison. Ce n'est qu'un constat, car en matière de performances, le secteur des assurances algérien a beaucoup d'efforts à faire pour atteindre ceux des pays voisins. L'assurance automobile continue de dominer le marché des assurances. Le président de l'UAR a souligné que le chiffre d'affaires réalisé par le secteur des assurances pour l'exercice de 2009 a atteint 77 milliards de DA, en hausse de près de 13% par rapport à 2008, selon M. Latrous. Cette hausse est due notamment à une dynamique du marché marqué par une augmentation des souscriptions en particulier dans le secteur d'assurance des habitations où le parc est en pleine expansion, précise le même responsable. Par ailleurs, le marché des assurances contre les catastrophes naturelles (séismes et inondations) a rapporté un montant de 1,7 milliard de DA, un chiffre en progression par rapport à l'année précédente. Quant à la sécheresse qui n'est pas encore considérée par la législation comme étant une catastrophe naturelle, M. Latrous précise qu'un produit d'assurance contre ce phénomène est actuellement en phase d'examen et devrait être lancé l'année prochaine. Mais au-delà de ces chiffres en termes de poids dans l'économie, le secteur des assurances est léger. Le taux de pénétration est “faible par rapport à nos pays voisins”. Les dépenses des ménages en produits d'assurance aussi. Incontestablement, c'est au niveau des assurances de personnes (accident, maladie, prévoyance, capitalisation) que le potentiel est le plus important en liaison avec un niveau d'épargne des ménages énorme et une offre d'assurance quasi nulle, notamment en matière de prévoyance et de capitalisation. La sensibilisation du public sur l'importance des assurances passe aussi par le règlement rapide des sinistres.