Incroyable mais vrai ! Malgré une frontière officiellement fermée, le nombre de Marocains arrêtés en Algérie pour immigration clandestine ou séjour irrégulier vient de dépasser, pour la première fois, celui des Nigériens et des Maliens qui eux se sont toujours disputés la première place. D'après les chiffres de la DGSN, la wilaya de Tlemcen, frontalière du Maroc, a enregistré cette année le plus grand nombre d'arrestations pour immigration clandestine avec 721 cas enregistrés dépassant, pour la première fois, Tamanrasset qui a toujours été en tête du classement des wilayas les plus touchées par le phénomène. Près du tiers des personnes arrêtées sont des Marocains. S'agissant précisément de la wilaya de Tlemcen et de sa proximité avec le Maroc, on met souvent en avant l'existence de liens de sang et de mariage qui encouragent cette immigration illégale. On dit aussi que la majorité des clandestins marocains arrêtés est constituée d'ouvriers qualifiés du bâtiment, des maçons, des artisans-ébénistes, des peintres et des plâtriers, une main-d'œuvre qui serait fortement sollicitée par les entrepreneurs de l'ouest du pays pour la qualité de son travail et son faible coût. Du côté marocain, Réda Boubekeur, président de l'Association marocaine pour la citoyenneté des deux rives (AMCDR), qui s'occupe des Marocains résidant à l'étranger (les fameux MRE), a confirmé au quotidien marocain Libération l'existence d'une immigration clandestine des Marocains vers l'Algérie. D'après lui, la plupart des clandestins marocains choisissent notre pays comme un “point de passage" pour rallier l'Europe alors que d'autres, moins nombreux, veulent y travailler et s'installer. Il avance, ainsi, l'hypothèse que les clandestins marocains cherchent souvent à obtenir en Algérie des documents officiels algériens (de faux papiers ?) car, selon lui, les autorités espagnoles ou françaises seraient beaucoup plus tolérantes à l'égard des clandestins algériens. Ce qui reste à vérifier... Et pendant que ses clandestins viennent se classer premiers en Algérie, le Maroc mène depuis plusieurs mois une véritable chasse aux clandestins subsahariens. Les personnes arrêtées sont toutes reconduites, et ce, quelle que soit leur origine ou leur provenance, vers la frontière algérienne (fermée). Cette campagne, sans précédent, fait l'objet actuellement d'une vague de dénonciations. Plusieurs ONG des droits de l'Homme sont montées au créneau pour dénoncer cette “vague de répression" qui a touché femmes, enfants, étudiants et même des réfugiés statutaires. Selon plusieurs sources, les expulsions vers la frontière algérienne se font dans des conditions particulièrement inhumaines. “Les migrants sont abandonnés dans le désert alors que la baisse des températures et l'arrivée des pluies les exposent à des dangers encore plus graves", peut-on lire dans une déclaration commune à sept associations. Ces ONG ont saisi, par ailleurs, le président de l'Union européenne, le Belge Herman Van Rompuy, dans une lettre qui évoque la situation des ressortissants d'Etats sub-sahariens au Maroc, qu'ils soient en situation légale ou non. M C L