Son combat pour la liberté de la presse et d'expression, il l'a mené jusqu'au bout. Doyen des journalistes algériens et moudjahid de la première heure, Abdelhamid Benzine est décédé le 6 mars 2003 à l'hôpital de Koléa, il avait 77ans. Né le 27 avril 1926 à Béni Ourtilane, wilaya de Sétif, il était le témoin privilégié des changements qui ont marqué la presse algérienne, particulièrement la presse indépendante. Parallèlement à sa scolarité en langue française, il était élève à la médersa de l'Association des oulémas. À l'âge de 16 ans, il est arrêté au collège Eugène- Albertini de Sétif, également fréquenté par Kateb Yacine, suite aux manifestations du 8 mai 1945. Son parcours nationaliste commence dans les rangs du PPA en 1940 pour rejoindre en 1948 le MTLD. Après le déclenchement de la Guerre de libération, il est commissaire politique au sein de l'ALN. Il est condamné à vingt ans de travaux forcés en 1945, après un accrochage avec l'armée française. Attiré par l'activité syndicale, il rejoint la CGT (Confédération générale du travail) avant d'adhérer, en 1953, au PCA (Parti communiste algérien). En 1955, il rejoint les rangs du FLN, où il contribue activement à la Guerre de libération nationale. À partir de 1962, Benzine prend la direction de la rédaction d'Alger Républicain, aux côtés d'Henri Alleg, jusqu'à son interdiction en 1965. Sous le règne du parti unique, Abdelhamid Benzine s'engagera dans l'aventure du PAGS, Parti de l'avant-garde socialiste, où il aura à connaître, ainsi que plusieurs de ses compagnons, la persécution à l'endroit des militants communistes. L'ouverture démocratique d'octobre 1988, permettra à Benzine de reprendre son activité journalistique. Alger Républicain reparaît en octobre 1989 et il en sera le directeur. Il aura néanmoins à connaître les tribunaux, les cellules pour délits de presse. Persuadé qu'elle demeure le seul acquis des événements d'Octobre, il encourage la corporation à continuer sur cette voie pour instaurer cette culture de “démocratie” tant recherchée et qui manque dans ce pays. Abdelhamid Benzine est l'auteur de nombreux ouvrages, dont Le Camp, un témoignage publié en 1962 sur les conditions de sa détention. Il publie son Journal de marche, puis des récits : La Montagne et la plaine en 1991, puis Lambèse en 1989 et participe à l'ouvrage collectif La Grande aventure d'Alger Républicain en 1987. Abdelhamid Benzine restera à jamais le vétéran des journalistes algériens et l'homme fidèle à ses convictions intellectuelles et à la défense des causes justes, la liberté et la démocratie. “Un incorrigible optimiste” nous a quittés. W. L.