En 1895, l'écrivain arabe le plus lu, Gibran Khalil Gibran, débarqua sur la terre des Etats-Unis d'Amérique. Il ne portait dans son cabas que quelques manuscrits, dessins et un paquet de rêves. Il arriva dans ce continent lointain, fuyant l'absolutisme ottoman qui régnait en maître, sans partage, sur le Liban et sur Bilad Ech-cham en général. Peut-être, dans la même période, les grands-pères d'un Barack Obama, eux aussi, les pieds enchaînés, ont été déchargés comme du bétail sur les côtes des Etats-Unis d'Amérique. L'espoir de Khalil Gibran comme celui des aïeuls de Barack Obama était la quête de la liberté et du pain. Les arrivants aux USA, de Bilad Ech-cham comme ceux d'Afrique, étaient convaincus que le changement du monde ne se fait que par la mutation d'abord des gens de la marge. Une fois à South End de Boston, le petit enfant du village Bcharré du nord du Liban, auteur de le Prophète, commença par la formation d'un parti littéraire ! Ainsi, il réunit autour de lui un ensemble d'écrivains libano-américains pour fonder La ligue de la plume, Ar-Rabita Al-Kalamiya. Si Gibran Khalil Gibran a créé son parti littéraire, celui des âmes et des mots, les ancêtres d'Obama, quant à eux, ont versé dans le syndicalisme et dans les partis politiques. Ils se sont mis dans le combat politique contre le racisme, la pauvreté et l'illettrisme. Si Gibran Khalil Gibran, en chef de parti littéraire, a habité la langue arabe et la nostalgie de l'Orient sensuel, les pères d'Obama ont milité pour habiter les USA tout en se forgeant une présence totale dans la nouvelle géographie, physique et morale. Au fur et à mesure que le discours des grands-pères d'Obama s'enracinait dans la vie quotidienne des Afro-Américains, le discours de Gibran Khalil Gibran se trouvait aliéné, faisant racines dans le ciel ! Si le parti littéraire Ar-Rabita Al-Kalamiya de Gibran Khalil Gibran et ses concitoyens écrivains libano-américains, a participé, d'une façon ou d'une autre, à la naissance de la modernité littéraire arabe, le parti des pères d'Obama a mis les Afro-Américains sur les rails justes et solides de l'Histoire. Si le parti littéraire Ar-Rabita Al-Kalamiya de Gibran Khalil Gibran a remué la langue arabe en la poussant vers la modernité, le parti des grands-pères d'Obama a poussé la vie des Afro-Américains vers les lumières. Et si le parti de Gibran Khalil Gibran a mis la poésie arabe en marche vers “le poème en vers libres", les pères d'Obama, eux, ont poussé les Afro-Américains vers la marche sur la Maison- Blanche !!! Quel paradoxe entre l'histoire d'un grand écrivain, Gibran Khalil Gibran et de ses confrères libano-américains et celle d'un Barack Obama, fils d'esclaves et de ses concitoyens afro-américains !! Pour méditation, chers intellectuels ! A. Z. [email protected]