Le Premier ministre a relevé le paradoxe de l'économie algérienne “Je souhaite qu'avec vous, ensemble, nous bâtissions en 2013 un vrai pacte de croissance. Il n'est plus possible de rester avec 700 000 petites et moyennes entreprises en Algérie. On doit absolument faire plus. Surtout qu'au regard du contexte international, beaucoup d'entreprises, de pays européens et voisins souffrent énormément et nous offrent des capacités", a plaidé, jeudi, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, en réunissant, à la résidence d'Etat El-Mithak, le patronat et l'UGTA. Entouré des ministres des Finances, de l'Industrie, du Commerce, de l'Habitat et du Travail ainsi que du gouverneur de la Banque d'Algérie, Abdelmalek Sellal affirme que “le moment est bien choisi pour mobiliser l'appareil productif national", soulignant “qu'il ne fait et ne fera jamais de distinction entre l'entreprise publique et privée". Le Premier ministre a relevé le paradoxe de l'économie algérienne. Sur le plan macroéconomique, tous les indicateurs sont au vert. Le ministre des Finances et le gouverneur de la Banque d'Algérie, chiffres à l'appui, l'ont clairement souligné. L'argentier du pays a, notamment, évoqué une stabilisation de la dette interne, la consolidation du fonds de régulation des recettes et une forte croissance des crédits à l'économie, dans un contexte de taux d'intérêt négatif. Le gouverneur de la Banque d'Algérie a affirmé que “la position financière extérieure de l'Algérie est actuellement solide et devrait rester soutenable à moyen et long terme". Par contre, sur le plan microéconomique, beaucoup de chemin reste à parcourir. “En 2012, nous n'avons pas pu dépasser 2,5% de croissance. Alors que nous avons les capacités de réaliser une croissance à deux chiffres. Ce sont les experts et les observateurs internationaux qui nous le disent", a constaté Sellal. “Je sais que vous avez des difficultés. Mais l'acte d'entreprendre est en lui-même un chemin sinueux. Nous devons situer les faiblesses pour les améliorer et les relever, points de forces pour les développer davantage", a indiqué le Premier ministre, affirmant que le crédit documentaire et la règle 51/49 “n'ont pas été des freins". Il a cité, dans ce cadre, le projet de réalisation d'un complexe sidérurgique à Bellara (Jijel) avec des Qataris. “Nous sommes en train de bien avancer avec Renault pour la construction d'une usine de fabrication de véhicules à Oran, avec la SNVI et le Fonds national d'investissement", a-t-il ajouté. Sellal reconnaît qu'il y a des problèmes. Il a révélé qu'il a réuni, la semaine passée, les banques ; il leur a dit “qu'il était inadmissible" que pour ouvrir un compte, il faut cinq ou six documents, dont certains relèvent de la puissance publique, entre autres l'acte de naissance n°12. Le gouvernement a chargé la Banque d'Algérie, l'Abef et les banques de la place, pour étudier et proposer, “pour une mise en œuvre immédiate des mesures de facilitation en termes de crédit et de gestion quotidienne". “Les tracasseries rencontrées par les gens pour ouvrir les comptes, les questions sur l'origine de l'argent posées à ceux qui veulent le déposer dans les banques ou celles sur la destination de l'argent retiré doivent absolument disparaître, doivent changer", souligne le Premier ministre. “Le système bancaire a un rôle plus important dans la promotion de la croissance hors hydrocarbures, notamment en développant les crédits à l'investissement", estime le gouverneur de la Banque d'Algérie, indiquant que “le stock d'investissement est faible par rapport à l'épargne existante". M. Mohamed Laksaci a plaidé également pour l'amélioration de la qualité du service bancaire de base à la clientèle, actuellement faible. “Nous ferons tout pour faciliter l'acte d'investir" “Nous ferons tout pour faciliter l'acte d'investir", s'est engagé le Premier ministre, rappelant que des mesures ont été déjà prises auparavant, “malheureusement, ça coince encore". “Dites où ça cale. Nous n'avons plus de temps à perdre. Nous n'avons plus le temps de discuter", a lancé M. Sellal au patronat. Dans ce cadre, le ministre des Finances a énuméré les mesures qui ont été prises pour booster l'investissement. Il a évoqué l'opération de rééchelonnement des dettes bancaires des entreprises déstructurées qui a atteint “un niveau de traitement de près de 70%", soit “près de 127 milliards de dinars" traités. Les banques ont abandonné environ 35 milliards de dinars d'agios. M. Karim Djoudi cite également les mesures d'aide à la création d'emplois, d'allègement et de simplification des procédures fiscales et celles visant le renforcement des garanties des contribuables introduites depuis la dernière tripartite et additivement à ce que prévoit le code d'investissement. Mais pour le président du Forum des chefs d'entreprise, le problème est dans la mise en œuvre de ces mesures, dans le mode opératoire, dans la traduction sur le terrain des orientations qui sont généralement bien engagées par les pouvoirs publics. M. Hamiani explique que la relance économique est tributaire de l'investissement, lui-même tributaire d'une reconquête des parts de marché perdues par les entreprises algériennes. “On ne peut pas investir si on n'est pas sûr que la production qui en résultera trouve preneur", affirme le président du FCE, plaidant pour la protection intelligente du marché algérien, en imposant des normes. Le président de la CGEA a déploré le fait que “plusieurs décisions prises lors de la dernière tripartite n'aient pas été appliquées", citant, entre autres, la dépénalisation de l'acte de gestion. M. Boukaila, représentant du Cercle de réflexion sur l'entreprise (Care), a insisté sur la nécessité de rétablissement de la sécurité juridique par l'amélioration du climat des affaires, suggérant de prendre comme tableau de bord le Doing Business de la Banque mondiale. Le représentant de Care propose aussi de réguler les délais de paiement des entreprises, de moderniser des systèmes de paiement électronique, d'encourager et de dynamiser le marché financier et de créer les conditions pour éliminer l'informel. L'UGTA a exposé 15 propositions. Ces recommandations portent, entre autres, sur la redynamisation de l'industrie nationale et la restauration du crédit à la consommation orienté vers les produits locaux. L'UGTA a appelé à la tenue d'une conférence nationale sur le développement de la production industrielle. Cette proposition, semble-t-il, a été retenue par la Task force installée par le ministre de l'Industrie chargée d'élaborer des propositions pour redresser l'industrie. Cette Task force, après 25 réunions, a remis ses conclusions. “Une vision rénovée de l'économie" Le gouvernement veut établir un climat de confiance “entre ceux qui sont chargés de créer la croissance et ceux chargés de veiller à la gouvernance de ce pays". Très pragmatique, le Premier ministre veut aller vite à l'essentiel, en prônant “une vision rénovée". M. Sellal affirme qu'il ne fait pas partie de ceux qui parlent de “l'après-pétrole", mais de ceux qui défendent l'utilisation du pétrole comme levier de croissance et de développement. “Nous avons des secteurs qu'on n'arrive toujours pas à faire démarrer, source de création de richesses", regrette-t-il, citant notamment les TIC. “Si on rate le développement des nouvelles technologies de l'information et de la communication, on aura raté l'essentiel", a-t-il averti. Le Premier ministre a d'ailleurs indiqué qu'à peine 15% des entreprises sont connectées à un réseau Internet. 9% seulement ont une adresse e-mail. M. Sellal a annoncé que “la 3G ne va pas tarder". Il a, par ailleurs, annoncé que l'exploitation du gaz de schiste en Algérie ne se fera pas avant 2040. “On ne va pas le pomper aujourd'hui, mais à échéance très lointaine allant à l'horizon 2040", a-t-il rassuré. M R