Treize hommes accusés d'avoir fabriqué et tenté d'écouler de faux dinars algériens, issus du vol en 2006 d'un important stock de papier fiduciaire destiné à la Banque centrale algérienne, ont fait face hier, au premier jour de leur procès en France, à l'Etat algérien, partie civile. Ce procès à Lyon (centre-est) ne constitue toutefois qu'un volet d'une affaire tentaculaire car, sur les 44 rouleaux de papier fiduciaire dérobés le 30 novembre 2006 à Marseille, quatre seulement ont, semble-t-il, été utilisés par les accusés. Et de l'avis des deux représentants de la Banque d'Algérie, assis dans le banc des parties civiles, “beaucoup de rouleaux restent dans la nature". Tout a commencé par un vol spectaculaire à Marseille (sud). Trois hommes armés s'emparent de la cargaison d'un chauffeur routier allemand : 44 rouleaux de papier fiduciaire destinés à imprimer plus de 17 millions de billets de 1 000 DA, soit près de 1,8 milliard d'euros. Pendant deux ans, les malfaiteurs et leur butin restent introuvables mais, le 28 septembre 2008, les policiers de l'aéroport de Marignane (sud) saisissent 51 millions de faux dinars algériens, lors d'un contrôle de routine sur deux frères tunisiens rentrant dans leur pays. Quatre mois plus tard, trois des 22 rouleaux de papier fiduciaire sont retrouvés dans une imprimerie clandestine dirigée par la Camora, la mafia napolitaine. Le 29 avril 2009, un informateur anonyme prévenait la PJ de Lyon de l'existence d'un projet de contrefaçon de billets de grande ampleur dans la région avec une partie des rouleaux volés. Des écoutes téléphoniques et des filatures révélaient une collaboration entre une équipe lyonnaise et une marseillaise, en contact avec un faussaire italien, Claudio Scalpellini, jugé par contumace, l'Italie refusant de l'extrader. Treize membres de ces équipes étaient interpellés le 21 octobre 2009 dans le sud de la France et à Paris. Parmi eux le “patron" du réseau, Antoine Alcaraz, un repris de justice lyonnais de 63 ans, venu, avec un jeune complice récupérer plusieurs cartons de faux billets. Hier, la cour a entrepris le long examen de personnalités des accusés, au lourd passé judiciaire pour la plupart. Cheveux poivre et sel, Antoine Alcaraz, de parents algériens, a expliqué pourquoi il “avait mal tourné" après plusieurs dépôts de bilan de magasins de vêtements. Auparavant, l'un des ses principaux complices, Michel Curt, 59 ans, dont 25 derrière les barreaux, s'est dépeint comme un “homme qui n'a jamais rien réussi" et qui n'aspire qu'à une chose, “retrouver ses enfants". Tous deux encourent la réclusion à perpétuité. Le verdict est attendu le 19 décembre