Les robes noires ont insisté sur “la crédibilité de l'Unba" et la recherche de “l'intérêt général", espérant que “la bonne foi du ministre" se manifeste par des décisions concrètes. Le Palais des nations a abrité, hier, une rencontre houleuse des avocats d'Algérie, réunis en assemblée générale extraordinaire de l'Union nationale des barreaux d'Algérie (Unba), convoquée au lendemain de l'amorce d'un dialogue entre le ministre de la Justice, Mohamed Charfi, et les responsables du conseil national du syndicat des avocats. Bousculés par la signature, mercredi dernier, d'un protocole d'accord entre les deux parties, la tenue des élections locales, le lendemain, et surtout par les engagements pris avec leur base sur l'organisation d'une semaine de protestation devant démarrer aujourd'hui, bon nombre de participants ont fait montre d'un énervement, voire d'une grande contrariété, qui s'est transformée en suspicion, parfois envers les membres de la direction nationale de l'Unba, mais plus souvent envers le ministère de tutelle. Deux positions se sont affrontées au Club-des-Pins, celle minoritaire, portée par des avocats favorables à la poursuite du dialogue avec le ministère de la Justice, sans pour autant abandonner le recours à la grève, et celle majoritaire, défendue par leurs collègues qui appellent au “respect" des décisions de l'AG du Mazafran (Zéralda) du 17 novembre dernier, c'est-à-dire le maintien de la grève nationale du 2 au 6 décembre, se traduisant par le boycott de l'ensemble des audiences et de la cérémonie officielle d'ouverture de l'année judiciaire 2012-2013. Des avocats ont fait part de leur dilemme. Initialement contre la grève, ils se sont pliés néanmoins à l'avis de la majorité, le 17 novembre. Ils ont fait sienne la décision prise par l'AG, informé les avocats de leur région et les ont sensibilisés pour le rendez-vous du 2 décembre. “L'AG a voté la grève ; pour la suspendre, il fallait revenir à l'AG, qui est seule souveraine", a déclaré l'un d'eux, en notant que du côté du ministère de la Justice, “il n'y a que des promesses écrites pour l'instant". Pendant des heures, plusieurs participants se sont succédé pour dénoncer “le revirement" de certains membres du bâtonnat, “l'absence d'indépendance des magistrats, des avocats et même d'un Etat de droit en Algérie", “les promesses non tenues de la tutelle depuis 10 ans" et “l'inexistence de gestes concrets" émanant du nouveau ministre. Ils ont également insisté sur “la crédibilité de l'Unba" et la recherche de “l'intérêt général", espérant que “la bonne foi du ministre" se manifeste par des décisions concrètes, avant le 25 janvier 2013, date de la prochaine AG des avocats. Dans les rangs des partisans du “gel momentané de la grève", il a été mis en exergue “le dialogue sérieux et productif" avec le nouveau ministre, sa “main tendue" ou encore “l'existence d'un protocole d'accord" et “la poursuite du travail syndical". Ces derniers ont, en outre, rappelé que M. Charfi fait partie de la famille des avocats, appuyant cette “opportunité" qui leur est offerte pour défendre la profession et le justiciable. En marge des travaux, le président de l'Unba, Mustapha Lanouar, ainsi que le bâtonnier d'Alger, Abdelmadjid Sellini, ont révélé aux journalistes que l'accord commun comprend 18 points portant sur les préoccupations des avocats et sur des aspects ajoutés par le ministre lui-même, à l'exemple des questions sociales et du droit à l'opposition de la défense. D'après M. Lanouar, M. Charfi est “disposé à donner l'aide nécessaire" à l'Unba et aux avocats en général. Mais, précisera-t-il, “c'est à l'AG de décider de ce qu'il faut faire, car elle est souveraine". Même son de cloche chez Me Sellini pour qui l'essentiel est de “sortir avec une décision de l'AG défendant la profession, les acquis et l'intérêt général". Vers 16h, l'AG s'est achevée sans vote ni décision explicite. Les repères pour les participants et la base resteront : l'existence d'un protocole d'accord et l'AG du 25 janvier, avec la possibilité de réactiver la grève. Aujourd'hui, la seule inconnue pour eux renvoie à la volonté du ministère de la Justice de coopérer ou non avec le corps des avocats et l'Unba. Autrement dit, la prochaine AG aura toute latitude de tester la volonté de Mohamed Charfi. H A